Wembanyama en quête de perfection
Le dessin figure rarement sur la liste des moyens de se développer dans le monde du basket. Pourtant, la concentration et la persévérance requises par cette discipline artistique dans le soin des...
PARIS (France) - Le dessin figure rarement sur la liste des moyens de se développer dans le monde du basket. Pourtant, la concentration et la persévérance requises par cette discipline artistique dans le soin des détails sont précisément des atouts dont Victor Wembanyama entend bien se servir afin d'un jour devenir l'un des meilleurs joueurs du monde.
Le très prometteur Français tient tous les observateurs en haleine à l'aube de la Coupe du Monde U19 FIBA 2021, impatients de voir à l'oeuvre le talentueux joueur.
Décrire tout ce que Wembanyama sait faire sur un terrain de basket prendrait trop de temps. Et les mots ne sauraient faire justice à son énorme talent. Il semble plus simple de taper son nom sur YouTube et de regarder les innombrables vidéos à son sujet. Si des gens se trouvent à vos côtés quand vous commencez vos visionnements, ne soyez pas surpris par leurs réactions.
Et lorsque vous vous direz que ce que réalise Wembanyama du haut de ses 2.19m est incroyable, rappelez-vous qu'il a fêté ses 17 ans le 4 janvier dernier.
Essayons de laisser de côté ces considérations et concentrons-nous sur les raisons qui permettent à la France d'espérer décrocher un tout premier titre mondial U19, après un troisième rang en 2007 et 2019.
Un vrai joueur pro
Wembanyama sera l'un des joueurs les plus expérimentés du tournoi, puisqu'il est pro. Il a fait ses débuts en ProA française le 23 septembre 2020 et il a bouclé la saison avec des moyennes de 6.8 points, 4.7 rebonds et 1.9 contres en 17 minutes de jeu, en 18 matchs disputés avec Nanterre.
"J'ai joué comme pro et cela m'a vraiment préparé. Je comprends de mieux en mieux le jeu. J'ai vraiment acquis beaucoup de connaissances," dit Wembanyama, qui a aussi pris part à quatre matchs d'EuroCup, y tournant avec des moyennes de 1.3 points, 1.8 rebonds et 1.0 contre en 8 minutes de jeu, devenant au passage le 2e plus jeune basketteur de l'histoire de la compétition.
Ces expériences lui ont permis de gagner en responsabilité, même s'il avait déjà pu le faire en catégories jeunesse.
"Parfois, j'hésitais à monter au dunk alors que je savais que je pouvais le faire très jeune," reconnaît Wembanyama. "Mais c'était juste parce que je manquais de confiance. Il fallait que j'en prenne conscience : être plus agressif, être plus spontané et moins réfléchir."
Unicorn 2.0? 🦄
— FIBA (@FIBA) October 20, 2020
7'2" (218 cm) 16-year-old Victor Wembanyama 🇫🇷 has been working out with @rudygobert27! 👀
📼 via @Nanterre92 / @FIBA pic.twitter.com/oC78JCnWPO
Engagé en club, Wembanyama n'a rejoint que plus tard ses coéquipiers en sélection U19.
"Ma première impression est qu'il y a un bon équilibre. Mon intégration s'est bien passée et c'est un soulagement. Intégrer aussi tardivement un groupe n'a jamais été aussi facile pour moi," confie-t-il. "Je peux évoluer à différents postes et ils respectent mon jeu. Ils ne me considèrent pas juste comme un intérieur à cause de ma taille. Ils savent apprécier mon style un peu atypique et ça me plaît beaucoup."
Wembanyama est prêt à répondre aux attentes placées en lui en Lettonie, où la France partage le Groupe B avec la Corée, l'Espagne et l'Argentine.
"Si je dois prendre l'initiative du jeu, je le ferai, indépendamment de mon âge," lance-t-il. "Je sais que je vais attirer les défenseurs, mais j'ai absolument confiance en mes capacités de passeur. Je trouverai mes coéquipiers démarqués."
Il a grandi avec un ballon dans les mains
Le fait que Wembanyama comprenne si bien le basket ne devrait pas ête une surprise. Le natif de Le Chesnay, dans les environs de Paris, tout près de Nanterre, a grandi en pratiquant toutes sortes de sports avec sa soeur aînée et son frère cadet. Victor n'a jamais vraiment commencé le basket, car il dit avoir toujours eu un ballon dans les mains durant son enfance, élevé il est vrai par une mère elle-même joueuse et coach. Son père est un ancien sauteur en hauteur, tandis que sa soeur Eve Wembanyama a aidé la France à remporter le Championnat d'Europe U16 FIBA 2017 et que son frère pratique le handball.
Eve Wembanyama
Victor a lui-même joué simultanément au basket et au foot pendant deux ans à Nanterre - manquant les entraînements de basket du mercredi au profit de ceux de foot.
Une passion à côté du basket
Quand il ne fait pas de sport, Wembanyama dessine.
"Je dessine avec beaucoup de détails. J'essaie en permanence d'atteindre ... pas la perfection … mais le trait le plus parfait, la nuance la plus parfaite," explique-t-il.
"Je fais pareil quand je travaille mes tirs. Au fil des ans, vous pouvez voir mes progrès. Je suis autodidacte. Je n'ai jamais eu un coach pour corriger la mécanique et la trajectoire de mes tirs. Je fais tout pour les améliorer tout seul - jusqu'à ce qu'ils semblent et soient parfaits."
Il ajoute : "Mes aptitudes au dessin s'améliorent aussi … comme mon tir."
Une grande déception
En plus du dessin et de son ambition de progresser, la jeune carrière de Wembanyama a été marquée par deux expériences riches en enseignements.
Il a représenté la France pour la première fois à l'occasion du Championnat d'Europe U16 FIBA 2019 et, malgré qu'il était d'un an plus jeune que les autres participants, il a contribué au parcours jusqu'en finale de son équipe, avec une défaite 70-61 face à l'Espagne.
"Sur le moment, cela avait été une énorme déception, car je n'avais jamais suivi une préparation aussi intensive pour un tournoi. Nous avions passé presque trois mois ensemble. J'avais eu de la peine à accepter notre échec en finale après tous les efforts fournis," souligne-t-il. "Mais avec le temps, je vois cela comme un défi désormais : réussir à battre l'Espagne, prendre notre revanche."
Dans ce tournoi, Wembayama a cumulé des moyennes de 9.0 points, 9.6 rebonds, 1.4 assists, 1.3 ballons récupérés et 5.3 contres, avec en prime une place dans le "5 majeur" de la compétition.
"J'ai appris que je pouvais être bon même en ne jouant pas mon jeu. Cela signifie que j'ai une grosse marge de progression. Je n'avais pas beaucoup de liberté(s) au Championnat d'Europe U16," commente-t-il. "D'habitude, je suis très confiant, mais ces trois mois l'avaient détruite."
La seconde place dans le tournoi continental avait qualifié la France pour la Coupe du Monde U17 FIBA 2020, où Wembanyama et Cie espèraient faire aussi bien que la génération née en 2001 - avec Théo Maledon et Killian Hayes - deux ans plus tôt, avec une place en finale. La pandémie de COVID-19 a toutefois conduit à l'annulation de la compétition mondiale, privant Wembanyama d'une formidable scène pour faire l'étalage de tout son talent.
"J'avais vraiment de grosses attentes pour moi-même et pour l'équipe. Mon objectif était de dominer. Je pense que j'étais prêt à prendre d'assaut le monde," lâche-t-il.
Une blessure déterminante
Remis de la déception de ne pas avoir pu jouer la Coupe du Monde U17 FIBA et auteur d'un bon début de saison 2020-21, Wembanyama a ensuite connu un coup d'arrêt en novembre 2020, sous la forme d'une fracture de fatigue à la jambe droite. Cette blessure l'a contraint de s'absenter des terrains pendant deux mois et demi.
"Mon état d'esprit a complétement changé au cours de ces huit semaines éloigné des terrains. J'ai reconsidéré ma vie en général, ma carrière, mes plans pour le futur," admet-il. "J'ai pris conscience qu'avant ma blessure, j'étais trop dans un esprit de compétition permanent. Je voulais trop aller au fitness, trop m'entraîner, trop travailler ma technique. C'était simplement trop. Je dois miser sur la qualité plutôt que sur la quantité."
Toutes ces raisons ont fait de Wembanyama le joueur qu'il est aujourd'hui, et il est maintenant prêt à aller démontrer tout son talent en Lettonie.
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