Mestdagh : pression nouvelle et magie de la WNBA
Le large sourire affiché par Kim Mestdagh à l’issue du match qu’elle venait de disputer - et gagner - à Zrenjanin laissait transparaître un mélange de satisfaction et de soulagement.
ZRENJANIN (Serbia) - Le large sourire affiché par Kim Mestdagh à l’issue du match qu’elle venait de disputer - et gagner - à Zrenjanin laissait transparaître un mélange de satisfaction et de soulagement.
Ce soulagement était dû non seulement au fait que la Belgique avait remporté son premier duel du ‘groupe de la mort’ contre la Russie (67-54), mais aussi à la belle dynamique actuelle des ‘Cats’.
UNE NOUVELLE PRESSION, L’EFFET DE SURPRISE EN MOINS
Les ingrédients qui ont séduit tout le monde ces deux dernières années, en particulier à la Coupe du Monde Féminine FIBA 2018, sont toujours bien là : la circulation du ballon, l’esprit d’équipe, le plaisir dégagé et tous les autres éléments qui rendent leur jeu si rafraîchissant et excitant.
Mais pour la première fois, la Belgique est arrivée à un tournoi majeur avec des attentes. Des très sérieuses. Et même si les joueuses ne veulent pas l’admettre, elles font partie des favorites pour le titre. Le basket féminin belge est entré dans une nouvelle ère.
"En abordant une compétition comme celle-ci, la pression se fait ressentir," admet Mestdagh.
"À titre personnel, je sens beaucoup plus de pression cette année avec les Cats, après la médaille de bronze européenne et le 4e rang à Tenerife.
"Je pense que l’effet de surprise, dont nous avons pu profiter par le passé, a complètement disparu. Chaque équipe est plus prête que jamais à nous affronter.
"J’étais extrêmement concentrée pour ce premier match, parce que je savais que la Russie alignait une équipe forte, avec d’excellentes joueuses. Même si elles sont plutôt jeunes, j’avais peur qu’elles arrivent à nous mettre en difficulté en rentrant des tirs importants.
"J’étais prête et j’espérais que mon équipe l’était aussi. Nous sommes toutes très heureuses d’avoir su leur résister."
Alors que tout semblait auparavant plaisir, la Belgique doit désormais répondre aux nouvelles attentes placées en elle. Des médias aux fans, de leur propre ambition d’aller loin dans la compétition. Ceci signifie que les Belges ont plus que jamais besoin d’une soupape pour relâcher la pression, et Mestdagh en est pleinement consciente.
Elle dit : "Nous voulons toutes poursuivre sur notre lancée et heureusement pour nous, il y a des filles dans l’équipe qui aiment écouter de la musique et danser.
"Elles se donnent beaucoup de peine pour maintenir une ambiance détendue et amusante au sein de l’équipe."
SOUS LES FEUX DES PROJECTEURS
Si vous analysez les stats et regardez les matchs de la dernière phase finale européenne en entier, en plus de cette fantastique entrée en matière à la Coupe du Monde Féminine FIBA 2018, vous réaliserez à quel point Mestdagh est en manque de reconnaissance.
Elle a été brillante d’adresse dans les deux tournois, elle a montré du leadership et elle a fait preuve de sang-froid dans les moments chauds. Mais ce sont deux de ses coéquipières qui ont attiré toute l’attention. Emma Meesseman a intégré le “5 majeur” du tournoi et Julie Allemand a égalé le record d’assists de la compétition. En conséquence, les performances de Mestdagh sont un peu passées au second plan.
"Faire aussi bien qu’à Tenerife ? Je signe tout de suite. Il est évident que cette équipe me tient particulièrement à cœur," sourit-elle.
"Surtout parce nous travaillons depuis plus de 10 ans pour vivre ce genre de moments. Nous sommes si heureuses que tout notre labeur a fini par payer, et c’est tout ce qui compte pour moi.
"Cela me frustrerait davantage de ne pas bien jouer ou de ne pas apporter autant que je le devrais - bien plus que ce manque de reconnaissance.
"Nos succès sont le fruit de notre collectif, qui passe avant tout," souligne-t-elle.
LA MAGIE DES MYSTICS ET LA WNBA
View this post on InstagramOFFICIAL: Kim Mestdagh added to training camp roster. Welcome to D.C. @kimmestdagh!
Bien sûr, elle a récemment pu se faire remarquer en faisant ses débuts en WNBA avec les Washington Mystics. Alors qu'elle croyait que sa chance dans la ligue nord-américaine était déjà passée, sa voix trahit une grande fierté et de l'excitation lorsqu'elle évoque l'atteinte de ce but qu'elle s'était fixé pour sa carrière.
Elle commente : "Ils étaient en fait déjà intéressés avant, mais nous venions d'achever le FIBA Women's EuroBasket 2017 et physiquement, j'étais grillée. Je n'avais alors pas les ressources mentales pour le faire et je dois admettre que par la suite, je me suis souvent demandé si je n'avais pas laissé filer ma chance d'y aller.
"Or, à l'issue de la Coupe du Monde Féminine FIBA, ils ont à nouveau manifesté leur intérêt et ils ont pris contact avec moi. J'avais cette fois une autre motif d'hésitation : cette phase finale. Mais ils m'ont comprise.
"Ils savaient déjà qu'Emma jouerait et ils étaient conscients de l'importance que cela avait pour elle. Ils m'ont alors autorisée à venir ici pour jouer avec mon équipe nationale et c'est absolument génial. Je dois avouer que c'est merveilleux, ce d'autant que je ne m'attendais pas à ce que ça arrive au cours de ma carrière."
LES CATS COMME MODÈLES
Ce chapitre WNBA dans son CV signifie que Mestdagh est encore plus un modèle à suivre qu'avant. Elle n'est pas seulement une des stars des Cats. En Belgique, son exemple permet aux jeunes joueuses talentueuses de voir que tout est possible.
"Je pense que le championnat national n'est pas d'un niveau très élevé, car la plupart des équipes ne sont pas complètement professionnelles, mais je crois qu'avec les Cats, nous démontrons qu'il est possible de s'ouvrir les portes des plus grands championnats européens," explique Mestdagh.
"J'en suis la preuve vivante. J'ai joué dans une uni aux USA et j'ai ensuite commmencé ma carrière pro dans un petit club espagnol. Puis, d'année en année, j'ai gravi les échelons pour finalement me retrouver au plus haut niveau.
"Notre équipe tout entière est un exemple de joueuses qui travaillent dur pour elles-mêmes, mais aussi pour l'équipe. Il est vraiment difficile de décrire cette incroyable sensation qui s'empare de nous quand nous représentons la Belgique, surtout après quasiment 10 ans à courir après les résultats que nous espérions.
"C'est un sentiment extraordinaire," ajoute Mestdagh au moment de rentrer aux vestiaires - sûrement pour aller écouter la musique choisie par ses coéquipières et pour voir lesquelles sont en train de danser dessus.
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