L'avis des experts
À la veille du FIBA Women's EuroBasket 2019, le moment est venu de consulter l'avis de nos trois experts en basket féminin.
MUNICH (Germany) - À la veille du FIBA Women's EuroBasket 2019, le moment est venu de consulter l'avis de nos trois experts en basket féminin.
- Shona Thorburn a participé à de nombreuses olympiades avec le Canada ; l'expérimentée arrière a passé la saison dernière au sein d'USO Mondeville, tout en commentant sur livebasketball.tv. @ShonaThorburn
- Pierre Ploszajski est un passionné d'EuroLeague Women et le co-auteur des Media Guides des éditions 2017 et 2019 du FIBA Women's EuroBasket. @Pierrepiotr_
- Paul Nilsen est spécialiste du basket féminin FIBA. @Basketmedia365
Votre podium
Shona : Espagne (1), France (2), Serbie (3). Je pense qu'avec le retour de la coach Marina Maljkovic et l'avantage de jouer à domicile, la Serbie sera un adversaire redoutable. La France doit composer avec de nombreuses blessures et la perte juste avant le tournoi d'Helena Ciak sera trop difficile à surmonter. Le coach Lucas Mondelo connaît les clés du succès et il sait retirer le meilleur de chacune de ses joueuses, je ne vois donc aucune raison de ne pas réussir la défense du titre remporté il y a deux ans.
Pierre : Belgique (1), Espagne (2), France (3). J'estime que la Belgique a actuellement la meilleure équipe d'Europe et, contrairement à l'Espagne et à la France, elle alignera un effectif au complet. Les Belges se connaissent très bien, elles prennent visiblement beaucoup de plaisir à jouer ensemble et elles sont dans une superbe dynamique. L'Espagne a suffisamment de profondeur et de talent pour se battre pour le titre, avec Marta Xargay prête à endosser un rôle de leader aux côtés d'Astou Ndour ou d'Anna Cruz. La France sera comme toujours dure à battre, mais elle a tout à prouver avec l'arrivée de sa nouvelle génération.
Paul : Espagne (1), Belgique (2), Serbie (3). J'ai écrit un article il y a quelques semaines sur les chances de la France de remporter ce premier titre en dix ans. Mais trois joueuses clés sont désormais forfaites - Diandra Tchatchoung, Sarah Michel et Helena Ciak - et leur absence pèsera trop lourd pour se mêler à la lutte aux places sur le podium. Difficile de savoir à quoi s'attendre de la Serbie, mais avec ses qualités et le retour de la coach Maljkovic, elle semble parée pour aller chercher une médaille. La Belgique me séduit et ses résultats récents pourraient la sublimer pour se frayer un chemin jusqu'en finale. L'Espagne est impressionnante aux postes arrières, elle a un excellent coach et même si aucune équipe n'a réussi la défense de son titre au cours des 30 dernières années, je pense qu'elle en a les moyens.
Votre "5 majeur"
Shona : Julie Allemand (BEL), Marta Xargay (ESP), Valériane Ayayi (FRA), Jelena Brooks (SRB), Maria Vadeeva (RUS).
Pierre : Julie Allemand (BEL), Marta Xargay (ESP), Valériane Ayayi (FRA), Emma Meesseman (BEL), Maria Vadeeva (RUS).
Paul : Julie Allemand (BEL), Marta Xargay (ESP), Jelena Brooks (SRB), Emma Meesseman (BEL), Astou Ndour (ESP).
L'invité-surprise à Tokyo
Shona : La Slovénie, la Suède et la Russie se battront pour une place dans le top 6. La Slovénie semble prête à créer la surprise et peut-être son heure est-elle venue. Si tout se passe au mieux, elle pourrait finir en tête du Groupe C. La Suède a du talent EuroLeague, EuroCup et WNBA et elle a aujourd'hui une occasion d'assembler les différentes pièces de son puzzle et de montrer ce dont elle est capable. Il n'y a aucune raison pour qu'elle ne vive pas une sorte de conte de fées similaire à celui vécu par la Belgique ces deux dernières années. La Russie a une équipe très jeune, mais avec la superstar Maria Vadeeva et l'expérience du coach Olaf Lange, tout est possible.
Pierre : Russie, Slovénie, Suède, Serbie et Italie auront leur chance. C'est une compétition si relevée et certains pays connaîtront de cruelles désillusions. Est-ce que Maria Vadeeva peut permettre à la Russie de retrouver un peu de la gloire passée en terminant près du podium ? La nouvelle génération slovène sera-t-elle suffisamment solide pour frapper un grand coup ? Peut-on vraiment écarter l'imprévisible Serbie, surtout à domicile ? Les arrières italiennes, associées au talent de Penna et de Romeo, peuvent-elles compenser le manque de poids à l'intérieur ? La Suède confirmera-t-elle tout le bien que l'on pense d'elle - je crois que oui, et c'est sur elle que je mise.
Paul : Je suis d'accord avec les listes de Shona et de Pierre, même si pour moi, l'Ukraine est capable de tout si sa défense est efficace en soutien de la verve offensive d'Alina Iagupova. Mais je pense aussi que la Suède va créer la surprise et se qualifier pour Tokyo. Elle aligne des joueuses de classe comme Amanda Zahui, Farhiya Abdi et les jumelles Eldebrink. Si les Suédoises n'accèdent pas aux quarts de finale et ne se mêlent pas à la lutte pour le podium, ce sera pour moi une contre-performance de leur part. Elles se retrouvent face à un défi qu'elles auront à cœur de relever.
La star de la compétition ?
Shona : Julie Allemand est l'une des meilleures distributrices actuelles ! Elle jouera avec grande confiance dans l'enchaînement d'une incroyable Coupe du Monde et fraîchement auréolée du titre national avec Lyon, tout en ayant été nommée dans le "5 majeur" de LFB. Je pense que le moment est venu pour Valériane Ayayi de briller avec la France, au sortir de la meilleure saison de sa carrière avec ZVVZ USK Praha. J'estime qu'elle peut porter la France jusqu'en finale. Gardez un oeil sur Maria Vadeeva et la Russie : cette intérieure sait tout faire.
Pierre : Il y en a tellement, notamment Marine Johannès, Bria Hartley, Julie Allemand, Cecilia Zandalasini, Giorgia Sottana ou Anna Cruz, mais je dirais Ana Dabovic. Elle est tellement plaisante à voir jouer et elle sait se montrer dans les moments cruciaux. Cette ex-MVP adore se mettre en évidence et elle a démontré à de nombreuses reprises ses grandes qualités.
Paul : Je suis impatient de voir Marine Johannès et Julie Allemand. Elles seront coéquipières à Lyon la saison prochaine et ce duo fera des malheurs - je veux un siège au premier rang ! Je suis aussi curieux de voir si la Belgique et la Serbie peuvent de nouveau produire leur basket rapide et divertissant, quand bien même ces deux nations sont dans le groupe le plus difficile.
À qui la désillusion ?
Shona : Nous avons assisté à une merveilleuse campagne (pour le plus grand malheur de l'Italie) de la Lettonie lors du FIBA Eurobasket 2017, synonyme de qualification pour la Coupe du Monde Féminine FIBA 2018, mais j'ai le sentiment que cet été ne lui sourira pas autant. Si elle ne finit pas à l'une des 2 premières places du Groupe A, je ne pense pas qu'elle participera aux quarts de finale.
Pierre : J'ai malheureusement l'impression que la Lettonie aura de la peine. Il lui manque trop de joueuses clés et au vu du niveau général de ce tournoi, la tâche sera trop compliquée pour elle.
Paul : La Lettonie sera trop juste, même si des succès contre l'Ukraine et la Grande-Bretagne sont possibles et qu'elle pourrait ainsi décrocher un billet pour Belgrade - quoi qu'il en soit, les absences vont peser trop lourd. La Turquie sera sous pression après ses quatre qualifications consécutives pour des événements mondiaux (2012, 2014, 2016 et 2018). Le tirage a été plutôt clément avec elle, mais aura-t-elle les ressources nécessaires pour finir parmi les 5 ou 6 premiers ? Cela s'annonce compliqué.
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