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    Pitino : ''Giannis sera un jour redoutable à trois points''

    Après la Coupe du Monde FIBA, la Grèce a choisi de changer de cap en décidant de confier les commandes de son équipe nationale à l'Américain Rick Pitino.

    ATHENS (Greece) - Après la Coupe du Monde FIBA, la Grèce a choisi de changer de cap en décidant de confier les commandes de son équipe nationale à l'Américain Rick Pitino.

    Membre du 'Naismith Memorial Basketball Hall of Fame', le coach actuel du Panathinaikos essaiera de mener les Grecs au succès au Tournoi de Qualification Olympique FIBA (TQO) de Victoria (Canada). Cette compétition réunira également le Canada, la Chine, la République tchèque, la Turquie et l'Uruguay. Les matchs auront lieu du 23 au 28 juin.

    Pitino s'est exprimé au sujet des défis qui attendent sa sélection. 

    Pour un coach comme vous, qu'est-ce que cela signifie de diriger une équipe nationale ? 

    Je l'ai déjà fait une fois avec le Porto Rico et les Grecs partagent cette même passion pour le basket. Dans la plupart des pays, le foot est roi. Mais en Lituanie, au Porto Rico, en Grèce, le basket a une place très importante. C'est grâce à mon expérience avec le Panathinaikos que j'ai découvert ça. 

    Pendant une période de deux mois, je deviendrai en quelque sorte Grec. Je vais vivre une aventure passionnante, bien plus que tout ce que j'ai vécu auparavant. Car tu joues pour un pays tout entier. C'est plus grand que de disputer juste un tournoi ou un championnat. Ce ne sera pas Panathinaikos, Olympiacos, PAOK ou AEK. Tout le monde sera uni. Cela a beaucoup de signification pour moi de représenter la Grèce.

    Quelles sont les chances de qualification pour les JO de la Grèce ?

    Le Canada sera un immense obstacle sur notre chemin. En plus, il évoluera à domicile. Mais j'ai suffisamment de joueurs expérimentés pour le surmonter. Je n'aurai peut-être pas autant d'athléticité et de shooteurs à disposition, mais l'équipe que nous mettrons sur pied ne manquera pas d'expérience. C'est ça que je vais rechercher avant tout, de l'expérience en compétition internationale.


    L'expérimenté Nick Calathes sera un élément important du dispositif de Pitino

    Certains affirment qu'à la Coupe du Monde, la Grèce a souffert de sa maladresse aux tirs. Comment corriger cela ?

    J'ai une sélection nationale qui a vraiment besoin de shooteurs pour avoir une chance d'aller aux JO. Je devrai donc peut-être privilégier des shooteurs plutôt que des joueurs talentueux. C'est la raison principale de son échec l'an dernier. Il lui manquait des shooteurs. Si un intérieur n'est pas super talentueux, mais qu'il est efficace aux tirs, il sera probablement du voyage au Canada. Et il y a aussi Nick Calathes, qui est d'ailleurs incroyable d'adresse aux entraînements (avec le Panathinaikos). Nous avons édité une vidéo pour lui et nous lui avons dit : 'Nick, regarde. À chaque fois que tu hésites, tu rates. Quand tu joues spontanément, tu convertis 40 % de tes tirs.' Nous faisons beaucoup d'exercices de tirs en fin d'entraînement et Nick bat tout le monde.

    Comment devenir un bon shooteur ?

    Je pense que le tir, c'est une question de mécanique. La condition physique joue également un rôle important. Dans toutes les équipes où je suis passé, lorsque nous faisions un exercice de tirs, il fallait que cela soit aussi un exercice cardio-vasculaire en même temps. Tu ne peux pas juste aligner les tirs. Il faut être en mouvement, sentir la fatigue qui vient. Quand ils sont fatigués, la plupart des gens deviennent moins adroits, donc la condition physique est extrêmement importante.

    C'est la mécanique qui sépare les shooteurs moyens des meilleurs ?

    Les meilleurs, les Stephen Curry ou autres, ne s'inquiètent pas s'ils manquent six ou sept tirs. Peu leur importe d'afficher un 0-sur-7, car ils sont convaincus de transformer les six ou sept essais suivants. Donc oui, la mécanique joue selon moi un rôle majeur. Je n'ai jamais vu un grand shooteur sans une mécanique irréprochable.

    Que pensez-vous de Giannis Antetokounmpo, à la peine avec son adresse aux tirs longue distance ?

    Vous savez, j'ai vu tellement de joueurs d'exception débarqué en NBA sans être efficaces aux tirs. Prenez Scottie Pippen par exemple. Quand il a été drafté, sans rire, il était mauvais à mi-distance. Je crois qu'il avait été choisi en 5e position. Formidable défenseur. Bruce Bowen, que j'avais coaché, était allé à San Antonio. Ils ont tous fini par devenir d'excellents shooteurs en NBA. Giannis sera un jour redoutable à trois points. S'il arrive à être une menace extérieure, il pourra créer davantage d'espaces pour ses coéquipiers. Il deviendra bientôt efficace à longue distance.

    Considérez-vous avoir un style de coaching à l'européenne ?

    Offensivement, oui. Défensivement, j'applique toujours une philosophie très américaine, mais avec la pression défensive comme mot d'ordre - tout terrain tout le temps. Mais je m'adapte aux joueurs que j'ai à disposition. Je n'ai pas ce genre d'équipe (au Panathinaikos), car les Grecs ne sont pas assez athlétiques pour le faire. Une presse ne leur conviendrait pas. J'ai donc opté pour une pression à mi-terrain. En attaque, j'adore vraiment les concepts pratiqués en Europe, bien plus que ceux aux USA. 

    Votre expérience européenne vous a-t-elle appris des choses ?

    J'ai énormément appris. J'ai 67 ans et au cours des deux dernières années, j'ai découvert de nombreuses choses. Je crois au basket en mouvement. C'est fantastique ici. J'adore ça. J'adore la manière de coacher de Zeljko Obradovic. Tous les coachs font du bon travail. Ils ne sont pas mis autant en avant que des gars comme moi aux USA, mais ils sont formidables et je peux m'inspirer d'eux. J'aime vraiment beaucoup leur style de jeu offensif.


    Jeune, rêviez-vous de participer aux JO ?

    Probablement pas. Plutôt de jouer en NBA. Mais c'est différent au Porto Rico ou en Grèce. Dans d'autres sports comme la natation, le plongeon, l'athlétisme, c'est grâce aux JO ou à la Coupe du Monde que tu te fais connaître. Le foot féminin est par exemple devenu si populaire suite aux résultats obtenus en Coupe du Monde.

    Si j'étais un joueur et que j'hésitais à porter le maillot de mon équipe nationale durant l'été, que me diriez-vous pour me convaincre de le faire ?

    Et bien qu'il n'y a pas de plus grand honneur que celui de servir sa nation. Ce n'est pas comme à l'armée, ou tu peux avoir peur de mourir. C'est un fantastique privilège de jouer pour son pays, quelque chose que tu pourras raconter à tes enfants, à tes petits-enfants, et une expérience qui marquera le reste de ta vie. En cas de participation aux JO, tu vivras un moment incroyable quand tu entreras dans le stade lors de la Cérémonie d'ouverture, c'est une sensation que tu n'oublieras jamais. Je rêve de ça à 67 ans, d'avoir la chance de le faire à Tokyo. Je suis conscient de la difficulté de la tâche qui nous attend, mais même si je ne suis pas Grec, c'est un rêve que j'ai.

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