La légende Sergei Belov
Le nom de Sergei Belov trouve toujours une place dans les discussions au sujet des figures les plus influentes du basket européen.
MOSCOU (Russie) - Le nom de Sergei Belov trouve toujours une place dans les discussions au sujet des figures les plus influentes du basket européen.
Lorsque vous découvrez son parcours, avec cette volonté dès son adolescence de faire partie des meilleurs, vous comprenez pourquoi il a gravi si vite les échelons, devenant d'ailleurs le premier joueur international à être intronisé au Naismith Memorial Basketball Hall of Fame en 1992.
Dans son autobiographie intitulée'Upward Movement', Belov se souvient du jour où il a appris que le légendaire joueur des Boston Celtics et de la Team USA Bill Russell arrivait à toucher 30 fois de suite l'anneau avec les deux mains, un exercice qui appartenait à sa routine d'entraînement.
"Je me suis senti obligé de faire pareil," écrit Belov. "J'ai demandé à ma maman de coudre un sac en toile que j'attachais à mes épaules, rempli de sable, et chaque jour avant d'aller à l'école, je faisais des séries de sauts jusqu'à en perdre conscience. C'était extrêmement difficile, mais l'objectif était important."
Belov a décroché de nombreuses médailles avec l'équipe nationale d'URSS
Belov affirme que ces séances lui ont procuré des jambes puissantes et qu'elles l'ont beaucoup aidé dans les airs.
Avec le maillot de l'URSS, Belov (né en 1944) a remporté les Coupes du Monde FIBA 1967 et 1974, les FIBA EuroBaskets 1967, 1969, 1971 et 1979, ainsi qu'une médaille d'or olympique en 1972 à Munich.
Il est aussi monté à maintes autres reprises sur le podium.
Belov a également atteint des sommets en tant que coach, conduisant la Russie en finale des éditions 1994 et 1998 de la Coupe du Monde FIBA, le club d'Ural Great Perm à deux titres nationaux 'back-to-back' en 2001 et 2002 - les deux seuls que le CSKA n'a pas gagnés - ainsi que la Russie sur la 2e place du podium des Jeux mondiaux universitaires de 2009. Lors de cette compétition disputée à Belgrade, sa sélection a battu celle des USA en demi-finales.
Membre de la première volée des personnalités intronisées au 'FIBA Hall of Fame' en 2007, Belov est décédé en 2013. Il avait 69 ans.
Les Russes ont pu revivre les exploits de Belov lors de la sortie du film 'Dvizhenie vverkh' (traduit'Three Seconds' en anglais) en 2017. Ce dernier retraçait l'histoire de la sélection soviétique aux JO de 1972, avec une attention particulière sur la finale, un match qui fait partie des plus célèbres de tous les temps.
Dans cette confrontation face aux USA, Belov s'était montré quasi inarrêtable, scorant 20 points pour mener l'URSS à une victoire sur le fil (51-50), mettant ainsi un terme à la série d'invincibilité des USA, invaincus jusqu'alors en 63 matchs joués dans cette compétition.
Frustrés de ne pas être montés sur la plus haute marche du podium, de plus à l'issue d'une fin de match houleuse, les Américains avaient alors décidé de ne pas accepter leur médaille d'argent.
Cette fin de partie chaotique suscite d'ailleurs toujours énormément de discussions.
Tandis que Belov avait mené la charge pour l'URSS, l'arrière américain Doug Collins, plus tard coach de Michael Jordan avec les Chicago Bulls, avait brillé pour son pays. Les USA avaient dû courir après le score tard dans le match, mais à la faveur d'une folle remontée ponctuée par deux lancers francs pour Collins, ils avaient repris la tête à 3 secondes de la fin de la partie.
Il avait transformé le premier pour égaliser à 49-49 et la sirène avait retenti au moment de sa seconde tentative, elle aussi réussie, donnant ainsi un avantage d'un point aux USA.
L'URSS avait remis le ballon en jeu, mais celui-ci avait été interrompu à mi-terrain avec une seconde encore à jouer. Le coach soviétique Vladimir Kondrashin avait en effet pris à partie la table de marque, en intimant d'avoir droit au temps-mort qu'il avait demandé. Même William Jones, alors Secrétaire général de la FIBA, était descendu sur le terrain pour indiquer que le chronomètre devait être réinitialisé avec trois secondes.
Sergei Belov (N° 10) avait inscrit 20 points lors de la finale remportée 51-50 contre les USA en 1972
Lors de ces JO, les coachs disposaient d'appareils sur lesquels ils pouvaient appuyer pour demander un temps-mort. Les Soviétiques avaient affirmé avoir utilisé le leur pour en obtenir un, mais la confusion avait été totale. Le fait que la sirène avait retenti alors que Collins avait tiré son second lancer franc semble indiquer que tel avait bel et bien été le cas.
Le chronomète avait été remis à 3 secondes et les Soviétiques avaient fait la remise en jeu. Ils avaient désespérement essayé de remonter le terrain pour une ultime tentative de tir, manquée. La sirène finale avait retenti et les Américains avaient commencé à célébrer leur victoire. Quelle n'avait pas été alors leur surprise d'apprendre que l'action allait devoir être rejouée, la faute à un chronomètre qui n'avait pas affiché correctement le temps restant lors de la remise en jeu.
Les Soviétiques avaient ensuite fait entrer en jeu Ivan Edeshko, avec comme mission pour lui de faire la première passe. Avec trois secondes cette fois clairement affichées au chronomètre, l'arbitre avait donné le ballon à Edeshko. Sa passe à travers tout le terrain avait fini dans les mains de l'intérieur Aleksander Belov, auteur du panier de la victoire. À noter qu'Aleksander Belov n'a aucun lien de parenté avec Sergei Belov.
L'explosion de joie des joueurs soviétiques au terme de la finale des JO de Munich gagnée contre les USA
Sergei Belov a écrit dans'Upward Movement' : "Alors qu'aucune logique dans le basket ne nous donnait la moindre chance de l'emporter - de manière inattendue et inexplicable, presque mystiquement, nous avions gagné. C'était une victoire irrationnelle offerte à nous par Dieu... pour quelle raison ? Chacun a son propre avis sur la question."
Belov se souvient également de son épuisement à la fin de cette rencontre historique, parmi les plus belles de sa carrière.
"Je n'ai pas couru avec mes coéquipiers qui s'étaient rassemblés, je n'avais simplement plus la force de le faire," écrit-il. "J'ai juste pris dans mes bras (l'assistant-coach Sergei) Bashkin, venu à ma rencontre. Je me rappelle que sa veste était trempée, comme s'il avait joué."
Les USA n'avaient pas voulu reconnaître leur défaite, déposant immédiatement un protêt. Un jury d'appel composé de cinq juges avait toutefois confirmé le résultat le lendemain. Les USA avaient lancé une autre procédure d'appel auprès du CIO, mais elle avait aussi été rejetée en janvier 1973.
Même si le contentieux au sujet des dernières secondes de cette finale olympique ne sera jamais vraiment réglé, les avis sur la performance magistrale de Sergei Belov sont unanimes.
Belov a eu l'honneur d'allumer la flamme olympique des JO de Moscou en 1980
Beaucoup de gens s'attendaient à ce que les deux nations se retrouvent opposées l'une à l'autre quatre ans plus tard en finale des JO de Montréal, mais la Yougoslavie avait battu l'URSS en demi-finale (79-74), en dépit des 16 points de Sergei Belov et des 18 points d'Aleksander Belov.
Sans Aleksander Belov, décédé tragiquement à 26 ans d'un sarcome cardiaque en 1978, l'URSS avait accueilli les JO de Moscou, boycottés par les USA. Tout semblait en place pour que Sergei Belov connaisse un autre grand moment.
Il avait même eu l'honneur de porter la torche olympique et d'allumer la flamme dans le stade. Le problème, c'est que l'URSS allait une nouvelle fois croiser le chemin de la Yougoslavie, qui avait aussi pris le meilleur sur elle en finale des éditions 1975 et 1977 du FIBA EuroBasket. À Moscou, les Yougoslaves s'étaient imposés 101-91 en quarts de finale.
Belov a eu aussi pas mal de succès en tant que coach
Belov a mis un terme à sa carrière de joueur après cette olympiade, décidant de partager son expérience et son savoir en endossant alors le rôle de coach.
Son nom alimente encore couramment les discussions en Russie, où il jouit toujours d'une grande popularité. Il a également été président de la fédération russe de basketball de 1993 à 1998, période durant laquelle il a simultanément coaché l'équipe nationale masculine.
Le 'Trophée Sergei Belov' est remis chaque année au vainqueur de la VTB United League et son club de cœur, le CSKA Moscou, a installé un buste de Belov dans son allée d'honneur.
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