L'habitude de gagner des vrais champions

TOKYO (Japon) - Que vous soyez encore au début de votre carrière, comme Luka Doncic, ou vers la fin comme Pau Gasol ou Luis Scola, votre priorité sera toujours la même : gagner et être couronné champion.

Nous sommes tous conscients du privilège que nous avons d'être présents à la Saitama Super Arena et d'être les témoins de ce fantastique spectacle, mais alors que Luka Doncic mettait le feu à la planète basket, une pensée s'est emparée de notre staff à Tokyo : nous avons réalisé que nous faisions partie des rares personnes qui ont vu Luka Doncic perdre.

Cela s'est passé durant la journée des médias, deux jours avant le début de la compétition. L'équipe de Slovénie avait terminé sa séance photos et il restait un peu de temps sur le petit terrain d'entraînement, suffisamment pour que Doncic et Klemen Prepelic s'amusent à tirer depuis la ligne du milieu. Au vu des dimensions du terrain, impossible de prendre du recul pour prendre quelques pas d'élan avant de shooter.

Après avoir raté deux séries de cinq tirs, Klemen Prepelic a déplacé un banc qui le gênait sur la droite. Tandis que ses coéquipiers l'embêtaient en lui faisant remarquer que le banc n'était pas dans sa trajectoire et qu'il n'était pas la raison de ses échecs, Prepelic a réduit tout le monde au silence en inscrivant non pas un, ni d'eux, mais trois de ses cinq tirs suivants depuis le milieu de terrain.

Doncic a manqué de peu ses essais, et Klemen a célébré sa victoire. Mais à l'évidence, Luka fulminait à l'intérieur, parce qu'il est comme ça : il déteste perdre, même dans un simple jeu entre copains.

"Je ne m'intéresse pas vraiment aux records. Nous avons gagné. C'était notre objectif aujourd'hui. (Le record) Ça n'a pas d'importance. Il restait trois ou quatre minutes à jouer et nous avions match gagné à ce moment-là," remarque Luka Doncic après ses 48 points inscrits dans le succès 118-100 contre l'Argentine. Interrogé sur le record de 55 points marqués par Oscar Schmidt, qu'il aurait pu peut-être égaler ou battre, il n'a eu de cesse de répéter que "ce qui est important, c'est de gagner".

Quand vous repensez à la petite histoire plus haut, vous comprenez en effet que seule la victoire compte pour lui. Doncic a aussi cumulé 11 rebonds, 5 assists et 3 contres, mais ne vous méprenez pas : la Slovénie, c'est bien plus que juste Doncic.

Prepelic a marqué 22 points, Vlatko Cancar en a ajoutés 12, Mike Tobey a compilé 11 points et 14 rebonds, et Zoran Dragic est entré dans l'histoire en devenant le premier Slovène à inscrire des points aux JO.

"Ce match était vraiment spécial, mais pas uniquement pour moi, pour notre équipe et pour toute la Slovénie," dit Doncic. "Ce sont nos premiers JO. Nous avons gagné notre premier match, ce doit être un sentiment particulier pour tous les gens au pays." 

En plus de la brillante prestation du jeune Doncic (22 ans), deux joueurs de 41 ans ont démontré qu'ils faisaient toujours partie des meilleurs. Luis Scola a scoré 23 points en 27 minutes pour l'Argentine, encore en vie dans ce groupe en dépit de cet écart de -18 points qu'il leur faudra remonter au cours des deux prochaines rencontres pour avoir une meilleure chance de se qualifier pour les quarts de finale.

Scola participe à ses 5es JO. Pareil pour Pau Gasol, dont le parcours ces derniers temps a été incroyable. Peu de médecins lui donnaient des chances de se remettre de sa blessure au pied et les histoires de retraite et d'intégration au staff des Portland Trail Blazers n'étaient "qu'un vœux pieu, sans me consulter" des Blazers.

Gasol est sorti du banc pour marquer 9 points en seulement 13 minutes de jeu, aidant l'Espagne à s'imposer contre le Japon 88-77. Gasol démontre que même à 41 ans, un retour est possible, et ce malgré 14 mois passés loin des terrains.

"Je l'ai vu durant toute la préparation, et souvent pendant son processus de réhabilitation. Je suis fier de lui. Il n'avait pas à le faire. Mais il est comme ça, c'est un modèle, comme personne et comme athlète," sourit Marc Gasol, interrogé au sujet de son frère.

"J'adore ce sport. Je voulais finir ma carrière en jouant, je n'avais pas envie de m'arrêter sur blessure. Cela a été difficile et éprouvant. Mais ça (jouer aux JO) en valait la peine et le risque," indique l'aîné des Gasol. "La pandémie m'a en fait aidé, car si les JO n'avaient pas été reportés d'une année, je n'aurais pas réussi à revenir à temps pour l'été 2020." 

L'Espagne a fait ce qu'elle fait d'habitude dans ce genre d'événements. Elle a dominé, sereinement, maintenant toujours son adversaire à distance sûre. Le Japon a montré de grands progrès par rapport à 2019, mais ceux-ci risquent de ne pas suffire pour gagner des matchs dans ce groupe très relevé, avec les finalistes de la Coupe du Monde FIBA 2019 (Espagne, Argentine) et le champion du FIBA EuroBasket 2017 (Slovénie).

"Je sens beaucoup mieux l'équipe maintenant qu'il y a deux ans. Nous avons réalisé un bon match. Mais pour battre une nation comme l'Espagne, il faut être excellent," commente le coach du Japon Julio Lamas.

Rui Hachimura et Yuta Watanabe ont impressionné côté japonais, combinant pour 39 points. Ceux-ci n'ont toutefois pas suffi, car non seulement les deux frères Gasol ont été égaux à eux-mêmes, mais en plus Ricky Rubio était en forme - 20 points et 9 assists en juste 22 minutes de jeu.

L'Argentine sera le prochain adversaire de l'Espagne, tandis que le Japon aura la lourde tâche d'essayer de freiner la Slovénie. La 2e journée du Groupe C promet d'être excitante.

FIBA