L'éclosion de Kukoc et le festival de Schmidt à la Coupe du Monde FIBA 1990
La Coupe du Monde FIBA a fait son retour en Argentine en 1990 - quarante ans après la toute première édition de la compétition - et l'Europe a reconquis le titre grâce à la Yougoslavie, couronnée pour...
MIES (Suisse) - La Coupe du Monde FIBA a fait son retour en Argentine en 1990 - quarante ans après la toute première édition de la compétition - et l'Europe a reconquis le titre grâce à la Yougoslavie, couronnée pour la 3e fois. L'URSS a pris le 2e rang et les USA, alors champions du monde en titre, sont venus compléter le podium au terme d'un tournoi riche en formidables performances.
La Yougoslavie s'est imposée 92-75 en finale contre l'URSS, les deux nations disputant à cette occasion leur dernière Coupe du Monde FIBA avant leur dissolution. Il est à noter que pour la première fois de l'histoire de la compétition, des joueurs NBA non-américains ont participé aux matchs.
Le légendaire Brésilien Oscar Schmidt a fait une démonstration offensive tout au long de l'événement, tandis que le coach des USA Mike Krzyzewski y a fait ses premiers pas sur la scène internationale. Porto Rico est passé quant à lui tout proche de décrocher une médaille, échouant au pied du podium.
La meilleure équipe : Yougoslavie
Rang | Équipe | V-D |
1. | Yougoslavie | 7-1 |
2. | URSS | 6-2 |
3. | USA | 6-2 |
4. | Porto Rico | 6-2 |
5. | Brésil | 4-4 |
6. | Grèce | 4-4 |
7. | Australie | 4-4 |
8. | Argentine | 2-6 |
9. | Italie | 7-1 |
10. | Espagne | 5-3 |
11. | Venezuela | 4-4 |
12. | Canada | 3-5 |
13. | Angola | 3-5 |
14. | Chine | 2-6 |
15. | Corée | 1-7 |
16. | Égypte | 0-8 |
Quarante ans après l'édition inaugurale de la Coupe du Monde FIBA, le tournoi phare du basketball mondial est revenu à Buenos Aires, mais d'autres villes - Cordoba, Rosario, Salta, Sante Fe et Villa Ballester - ont également accueilli des matchs entre le 8 et le 19 août 1990.
Après avoir élargi le tableau à 24 nations en 1986, la FIBA a réduit celui-ci à 16 en 1990. Alors que l'Argentine était qualifiée d'office en sa qualité d'hôte, les USA (champions du monde en titre) ont dû aller chercher leur qualification à la FIBA AmeriCup comme Porto Rico, le Brésil, le Venezuela et le Canada. Les cinq meilleures équipes d'Europe étaient : Yougoslavie, Grèce, URSS, Italie et Espagne. La Chine et la Corée ont représenté l'Asie, l'Angola et l'Égypte défendant l'honneur du continent africain. Enfin, l'Australie avait obtenu sa qualification en Océanie.
Les 16 équipes ont été divisées en quatre groupes de quatre équipes chacun, les deux meilleures de chaque se qualifiant ensuite pour un 2e tour. Ces huit meilleures ont été alors réparties en deux groupes de quatre, les deux meilleures de chacun accédant à des demi-finales. Le tournoi s'est conclu avec une finale et un match pour la 3e place.
Porto Rico, USA et URSS ont gagné leurs trois matchs et ils ont été accompagnés au tour suivant par la Yougoslavie, la Grèce et l'Argentine, 2es. Trois équipes ont terminé le Groupe B avec un bilan de 2-1, le Brésil finissant finalement 1er devant l'Australie, l'Italie devant elle se contenter des matchs de classement pour les places 9 à 16.
Les Portoricains ont poursuivi leur sans-faute au 2e tour, suivis des USA (2-1 : une victoire 104-100 contre l'Argentine grâce aux 38 points de Kenny Anderson, un succès étriqué 79-78 contre l'Australie et une défaite 81-79 contre Porto Rico).
Kenny Anderson (USA)
Dans l'autre groupe du 2e tour, la Yougoslavie s'est adjugé la tête du classement avec trois victoires, notamment un triomphe 100-77 contre l'URSS sous l'impulsion de Toni Kukoc (21 points). Ainsi, les demi-finales ont offert les affiches suivantes : Yougoslavie vs USA et URSS vs Porto Rico.
La Yougoslavie s'est montrée supérieure aux USA (99-91) dans le sillage de l'intenable Drazen Petrovic, auteur de 31 points dont 18 à longue distance, et de Toni Kukoc (19 points et 9 assists). Côte américain, Alonzo Mourning s'est illustré avec 28 points. Les Soviétiques n'ont quant à eux pas pu compter sur la présence des joueurs baltes tels qu'Arvydas Sabonis, Rimas Kurtinaitis ou Valdemaras Chomicius, mais ils ont tout de même dominé Porto Rico (98-82) pour atteindre la finale, Valeri Tikhonenko brillant avec 23 points et Sergej Bazarevich ajoutant 19 points.
Dans le match pour la 3e place entre Porto Rico et USA, les Américains ont réussi à recoller au score dans les tout derniers moments de la partie pour forcer une prolongation, ressortant ensuite vainqueurs de celle-ci (107-105), grâce aux 34 points d'Anderson et aux 20 points de Mourning. Jose Ortiz a été le Portoricain le plus en vue avec 25 points dans la défaite.
Peu de doutes ont plané sur la finale, les protégés du coach Dusan Ivkovic menant déjà 52-34 à la mi-temps. Le score final est sans appel : 92-75 pour la Yougoslavie. Zarko Paspalj a inscrit 20 points, Petrovic 18 et Kukoc 14.
Le meilleur joueur : Toni Kukoc
Toni Kukoc a été le second Yougoslave consécutif à recevoir le prix de MVP du tournoi après Drazen Petrovic en 1986. Alors que Petrovic a terminé meilleur marqueur de l'équipe en 1990 avec une moyenne de 18.4 points par match, juste devant les 16.5 points de Kukoc, c'est la polyvalence de ce dernier qui a été récompensée.
Kukoc a démarré le tournoi avec 27 points contre le Venezuela et 12 contre l'Angola. La défense portoricaine l'a limité à 6 points dans la défaite lors du dernier match du premier tour.
Au 2e tour, le sensationnel natif de Split (Croatie) a marqué 20 points contre le Brésil, 21 points contre l'URSS et 13 points contre la Grèce. Les qualités de passe de Kukoc ont été mises en évidence dans la demi-finale face aux USA, celui-ci cumulant 9 assists en plus de ses 19 points. Kukoc a conclu son tournoi avec 14 points dans le triomphe de la Yougoslavie contre l'URSS en finale.
Kukoc a été rejoint dans le "5 majeur" du tournoi par son coéquipier Vlade Divac, le Brésilien Oscar Schmidt, l'Américain Kenny Anderson et le Portoricain Fico Lopez.
Le meilleur match : le match pour la 3e place Porto Rico vs USA
Porto Rico espèrait enfin gagner sa toute première médaille en Coupe du Monde FIBA. Opposé aux USA, également désireux de ne pas repartir d'Argentine les mains vides avec le futur légendaire coach Mike Krzyzewski à leur tête pour la première fois, la sélection portoricaine semblait se diriger vers la 3e place.
Porto Rico avait vaincu les USA (81-79) lors de leur confrontation du 1er tour et les deux pays s'étaient affrontés en finale de la FIBA Americas 1989, les Portoricains ayant également eu le dernier mot (88-80).
Dans cette "petite finale", les USA ont regagné les vestiaires à la mi-temps avec une avance de 53-48. Les Portoricains ont cependant pris le match à leur compte en seconde partie de 2e mi-temps, virant en tête 96-88 à 94 secondes de la fin du match. Kenny Anderson a alors marqué 4 points et Todd Day a converti un rebond offensif en panier pour revenir à 96-94.
Les Portoricains ont eu une remise en jeu au milieu du terrain à 6.6 secondes du buzzer, mais la star Jose Ortiz n'a pas su trouver un coéquipier démarqué, redonnant ainsi le ballon aux Américains pour une ultime possession. Anderson a provoqué une faute à 1.0 seconde du terme, transformant ensuite ses deux lancers francs pour égaliser à 96-96 et forcer une prolongation.
Dans la période supplémentaire, Anderson a inscrit un tir primé pour faire passer le score à 103-98 et donner un avantage décisif aux USA.
Anderson a fini le match avec 34 points et Mourning en a ajoutés 20. Ortiz a inscrit 25 points dans la défaite, Fico Lopez et Jerome Mincy totalisant 21 points chacun pour Porto Rico.
La plus belle histoire : Porto Rico passe tout proche d'un exploit
Le fait que Porto Rico se soit hissé dans le dernier carré du tournoi et qu’il soit passé à quelques secondes d’un succès historique et d’une médaille dans une compétition d’une telle ampleur est un fantastique accomplissement pour cette génération de joueurs portoricains.
Porto Rico avait renoué avec la Coupe du Monde FIBA en 1986 après avoir manqué l’édition de 1982. Présents en 1986, Angelo Cruz, Edgar de Leon, Francisco de Leon, Fico Lopez, Jerome Mincy et Ramon Rivas étaient toujours présents en 1990. L’intérieur vedette Jose 'Piculin' Ortiz avait rejoint la sélection nationale à l’occasion des JO de 1988 - première apparition olympique du pays depuis 1976.
Jerome Mincy (N° 8), Jose Ortiz (4) et Ramon Rivas (11)
Lopez, Mincy et Francisco de Leon ont en plus pu compter sur l’aide de James Carter et Raymond Gausse pour remporter le titre à la FIBA AmeriCup 1989. Les Portoricains ont même battu les USA en finale - une équipe américaine dans laquelle évoluaient Billy Owens, Christian Laettner et Doug Smith, aussi là en 1990, ainsi que la future star NBA Gary Payton et ses compères en NBA Antonio Davis, Elliot Perry, Lionel Simmons et Matt Bullard.
La Coupe du Monde FIBA 1990 a marqué les débuts d’une sorte de dynastie portoricaine : en effet, Ortiz en a disputé trois autres éditions et les JO de 1992, 1996 et 2004 ; Lopez a joué les JO de 1992 et la Coupe du Monde FIBA 1994 ; Mincy est apparu dans les deux éditions suivantes du tournoi mondial ainsi qu’aux JO de 1992 et 1996 ; Carter a lui pris part à deux autres Coupe du Monde FIBA et aux JO de 1992 ; enfin Edgar de Leon a participé à deux autres éditions de la compétition.
La meilleure performance : Oscar Schmidt
Au moment de disputer la Coupe du Monde FIBA 1990, Oscar Schmidt comptait déjà trois participations à ce tournoi et trois autres au Tournoi Olympique. Lors de la Coupe du Monde FIBA 1986, il a tourné avec une moyenne de 28.1 points par match, finissant 2e meilleur marqueur du tournoi derrière le Grec Nikos Galis (33.7 points de moyenne). Le légendaire Brésilien a affiché la moyenne étourdissante de 42.2 points par match aux JO de 1988 et il a terminé meilleur marqueur en Argentine en dépit de ses 32 ans.
Schmidt a commencé le tournoi avec 25 points contre l’Italie, puis 35 points contre la Chine avant d’être limité à 18 points - alors en proie à des problèmes de fautes - dans la courte défaite contre l’Australie.
Le Brésil a malgré tout fini en tête de son groupe au terme du premier tour. Au 2e tour, Schmidt a encore élevé son niveau de jeu pour scorer 34 et 35 points dans les revers face à la Yougoslavie et à la Grèce, puis 34 points dans la défaite contre l’URSS. Le Brésil a eu droit à une revanche face à l’Australie dans les matchs de classement pour les places 5 à 8, ressortant cette fois vainqueur de la confrontation grâce en grande partie aux 52 points de Schmidt, celui-ci inscrivant ensuite 44 points pour offrir à son pays un succès contre la Grèce dans le match pour la 5e place. Il a bouclé le tournoi avec une moyenne de 34.6 points par match.
Meilleurs marqueurs
Joueur (pays) | Points par match |
Oscar Schmidt (Brésil) | 34.6 |
Antonello Riva (Italie) | 30.3 |
Panagiotis Giannakis (Grèce) | 26.0 |
Andrew Gaze (Australie) | 24.3 |
Jordi Villacampa (Espagne) | 23.0 |
Kim Hyun-Jun (Corée) | 22.1 |
Gabriel Estaba (Venezuela) | 21.5 |
Wang Fei (Chine) | 19.4 |
Kenny Anderson (USA) | 18.8 |
Valeri Tikhonenko (URSS) | 18.5 |
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