Dettmann fustige l'EuroLeague et espère une solution prochaine
HELSINKI (FIBA Basketball World Cup 2019 European Qualifiers) - Le coach de la Finlande Henrik Dettmann a choisi de prendre partie pour les fenêtres qualificatives en vue de la Coupe du Monde FIBA 2019...
HELSINKI (FIBA Basketball World Cup 2019 European Qualifiers) - Le coach de la Finlande Henrik Dettmann a choisi de prendre partie pour les fenêtres qualificatives en vue de la Coupe du Monde FIBA 2019 et il a dénoncé l'attitude de l'EuroLeague qui, selon lui, est un "grave danger non seulement pour le basketball européen, mais aussi pour tous les sports institutionnalisés."
Dans un entretien accordé au site en ligne de la fédération de son pays, le coach qui a dirigé les Susijengi lors des quatre derniers FIBA EuroBaskets et qui a amené le basketball finlandais vers de nouveaux sommets considère que les gens de l'EuroLeague ont agi en hypocrites quand ils ont rejeté le dernier compromis concernant les fenêtres qualificatives proposé par la FIBA.
"C'est absurde que l'EuroLeague publie un communiqué dans lequel elle prétend s'inquiéter des nombreux trajets que les joueurs devront faire à l'occasion des fenêtres des équipes nationales," dit Dettmann. "En 2016, l'EuroLeague a décidé de quasiment doubler le nombre des matches de sa saison régulière."
Dettmann dénonce les pratiques de l'EuroLeague.
"Alors que l'EuroLeague ambitionne de créer une 'NBA d'Europe', elle n'a en fait que diminué en taille au fil des ans," constate-t-il. "L'EuroLeague est menée par une poignée de clubs et pour le reste, leur business n'est pas rentable. Pendant ce temps, les magnats multimillionnaires qui dirigent l'EuroLeague ne sont intéressés que par la réussite individuelle des clubs qu'ils gèrent.
"C'EST ABSURDE QUE L'EUROLEAGUE PUBLIE UN COMMUNIQUÉ DANS LEQUEL ELLE PRÉTEND S'INQUIÉTER DES NOMBREUX TRAJETS QUE LES JOUEURS DEVRONT FAIRE À L'OCCASION DES FENÊTRES DES ÉQUIPES NATIONALES. EN 2016, L'EUROLEAGUE A DÉCIDÉ DE QUASIMENT DOUBLER LE NOMBRE DES MATCHES DE SA SAISON RÉGULIÈRE." Dettmann
"Pire, l'EuroLeague est comme une super-puissance dans un échiquier géopolitique. Elle divise les gains entre quelques amis, essaie d'influencer la classe moyenne - les spectateurs - en les manipulant, elle montre les dents dès que quelqu'un n'est pas d'accord avec elle et elle repousse sournoisement les limites du cadre international en place, petit à petit, afin que personne ne s'en rende compte avant qu'il ne soit trop tard."
10'000 Finlandais se sont déplacés pour soutenir les Susijengi à la Coupe du Monde FIBA 2014 à Bilbao, en Espagne
Dettmann a souligné le rôle important que les fédérations nationales ont toujours eu pour les joueurs.
"Le chemin suivi par les jeunes joueurs, depuis leur jardin jusqu'au plus haut niveau, se construit traditionnellement via les fédérations nationales," indique-t-il. "Si nous coupions cette filière, tout le marché serait infesté d'agents qui veulent récolter des fruits, mais qui ne veulent pas les faire pousser, les nourrir et s'occuper d'entretenir les arbres qui les portent. Un très bon exemple a été donné le mois dernier avec le scandale qui a secoué la NCAA.
"L'EuroLeague suit une logique commerciale, rien d'autre. Elle représente un grave danger non seulement pour le basketball européen, mais aussi pour tous les sports institutionnalisés. Nous parlons de quelque chose de plus grand que juste un ou deux matches de qualifications ici et là. Cela englobe la formation des arbitres, le développement des jeunes joueurs, les affaires courantes des clubs de basketball."
L'Académie de Basketball de Helsinki a formé le Finlandais Lauri Markkanen
Dettmann avance que le basketball n'est pas le seul sport menacé par les pratiques de l'EuroLeague.
"D'abord, ils s'attaquent au basketball, et ensuite ils s'en prendront à un autre sport," assure-t-il. "Le prochain sera peut-être le football, puisque le football est un business plus grand que le basketball en Europe."
L'expérimenté technicien dit que l'EuroLeague, en critiquant les éliminatoires pour la Coupe du Monde FIBA, a tort de se comparer à la NBA et à la NCAA, qui ne sont elles pas obligées de libérer les joueurs pour les fenêtres de novembre et février.
"Je ne comprends pas cette comparaison avec la NBA et la NCAA," poursuit Dettmann. "La NBA et la NCAA se disputent sur un autre continent et dans des conditions complètement différentes que l'EuroLeague. On ne peut pas comparer ces deux ligues américaines et l'EuroLeague."
Dettmann trouve que l'obstination de l'EuroLeague, qui refuse de déplacer les matches prévus en même temps que les fenêtres, met les joueurs sous une pression inutile. La FIBA a pourtant proposé récemment un compromis, que l'EuroLeague a rejeté.
FIBA statement pic.twitter.com/bLCfWrpKVt
— FIBA media (@FIBA_media) October 6, 2017
"Le plus grand risque, si aucune forme de compromis n'est trouvée, c'est que les clubs et les équipes nationales se renvoient la balle, laissant finalement aux joueurs la responsabilité de prendre une décision," craint Dettmann. "Mais le travail de joueurs est de jouer, pas de mener des combats pour les autres."
Dettmann fait référence à l'Espagne, où le coach national Sergio Scariolo devrait sélectionner pour les éliminatoires des joueurs qui évoluent dans des clubs engagés en EuroLeague.
"Ce qui est intéressant, c'est qu'on a demandé à Jorge Garbajosa, le président de la fédération espagnole de basketball (FEB), de convoquer tous les joueurs disputant l'EuroLeague pour les éliminatoires, car une non-participation de ces joueurs à des obligations en équipe nationale serait contraire à la loi," dit-il. "Nous verrons ce qu'il se passe le cas échéant."
"LES ÉQUIPES NATIONALES PEUVENT RASSEMBLER DE GRANDES FOULES ET FAIRE RÊVER, TOUT EN PROMOUVANT LE DÉVELOPPEMENT DU SPORT. AU FIBA EUROBASKET 2017 PAR EXEMPLE, LA FINLANDE ET LA SLOVÉNIE ONT ÉTÉ DE VRAIS PHÉNOMÈNES." Dettmann
Les joueurs décrivent souvent l'équipe nationale comme la plus importante pour eux. La star du Miami Heat Goran Dragic a récemment qualifié le triomphe de la Slovénie au FIBA EuroBasket 2017 comme le plus grand moment de sa carrière. Quand il s'agit de l'équipe nationale, les joueurs ont envie de porter le maillot de leur pays. Ils rêvent de pouvoir le faire devant leurs fans.
"Tout le concept des équipes nationales repose sur le principe du rachat de dette," explique Dettmann, qui a également coaché l'Allemagne jusqu'à la troisième place de la Coupe du Monde FIBA 2002 à Indianapolis. "Quand les joueurs représentent leurs pays, ils touchent la nation entière et toute la communauté du basketball - toute la famille derrière le sport au sens large. Les joueurs soutiennent leurs équipes nationales quand ils s'identifient à leurs racines, veulent rendre un peu de ce qu'ils ont reçu et partager l'intérêt commun.
"Durant mes 25 années comme coach national, j'ai vu à de très nombreuses reprises l'importance de l'équipe nationale aux yeux des joueurs et à quel point ils ont sincèrement envie de jouer devant les gens qui les ont aidés à se développer et à inspirer les générations futures.
"Les responsables de l'EuroLeague ne veulent pas reconnaître la relation qui lie les joueurs à leurs équipes nationales. Lorsqu'ils ont suggéré que toutes les activités des équipes nationales soient organisées en juillet, les Jeux Olympiques aussi, ils ont clairement dévoilé leurs intentions et leur manière de raisonner."
Le triomphe de la Slovénie au FIBA EuroBasket 2017 est le point culminant de la carrière de Goran Dragic
Dettmann a aussi souligné que la FIBA doit prendre des décisions dans le meilleur intérêt du sport.
"Bien sûr," note-t-il, "la FIBA a connu des temps difficiles, mais elle a appris de ses erreurs et désormais, elle est le parfait exemple de modernité d'une organisation sportive qui veille à la transparence, aux choix démocratiques et au respect des règlements.
"Si personne ne faisait acte de responsabilité dans le sport, il n'y aurait pas de but commun. Nous aurions affaire à un monde infesté de califes autoproclamés désireux d'acquérir le plus de pouvoir et d'argent possible."
D'où la véritable nécessité, pour la FIBA, de planifier des matches tout au long de l'année, et pas seulement en été.
"Pour quiconque dans l'industrie du divertissement, il est impératif d'être présent à plein temps sur le marché," lâche Dettmann. "Tandis que l'EuroLeague a amélioré sa marque ces dernières années, le Real Madrid ne parvient à rassembler qu'un dixième de l'audimat par rapport à l'équipe nationale d'Espagne. Avec l'Allemagne durant la Coupe du Monde FIBA 2002, nous n'étions pas loin des taux d'audiences du football."
"DURANT MES 25 ANNÉES COMME COACH NATIONAL, J'AI VU À DE TRÈS NOMBREUSES REPRISES L'IMPORTANCE DE L'ÉQUIPE NATIONALE AUX YEUX DES JOUEURS ET À QUEL POINT ILS ONT SINCÈREMENT ENVIE DE JOUER DEVANT LES GENS QUI LES ONT AIDÉS À SE DÉVELOPPER ET À INSPIRER LES GÉNÉRATIONS FUTURES." Dettmann
"Les équipes nationales peuvent rassembler de grandes foules et faire rêver, tout en promouvant le développement du sport. Au FIBA EuroBasket 2017 par exemple, la Finlande et la Slovénie ont été de vrais phénomèmes. Les Susijengi ont attiré trois fois plus de téléspectateurs que l'équipe finlandaise de football, quand bien même le football a sept fois plus de licenciés que le basketball.
"Le retour du système des fenêtres du calendrier n'est qu'une petite part d'un grand ensemble. C'est un combat remarquable entre d'un côté les bases fondamentales et les principes du sport, et de l'autre les forces du marché anonymes."
FIBA