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    Cameroun : Aristide Mouaha, de balayeur au bord du terrain à international

    Nous en étions au 3e quart-temps du match et le Cameroun menait largement (57-37), lorsque Franck Yangue a passé le ballon à Aristide Mouaha.

    YAOUNDÉ (Cameroun) - Nous en étions au 3e quart-temps du match et le Cameroun menait largement (57-37), lorsque Franck Yangue a passé le ballon à Aristide Mouaha.

    Le distributeur de 1.91m, dont c'était la toute première apparition avec les 'Lions indomptables', a alors pénétré à toute vitesse dans la raquette et il s'est élevé pour claquer un dunk féroce.

    Pris dans son élan, Mouaha est retombé sur l'un des balayeurs. Après un clin d'œil et une tape sur l'épaule, il est reparti en défense.

    Cette rencontre avec le jeune homme lui a rappelé que lui aussi, un jour, il avait occupé cette fonction.

    "J'AI BEAUCOUP DE RESPECT POUR LES BALAYEURS. C'EST EN FAISANT CELA QUE MON AMOUR POUR LE BASKET EST VÉRITABLEMENT NÉ."- Aristide Mouaha

    Lors du FIBA Women's AfroBasket 2015, Mouaha avait en effet veillé à maintenir le parquet libre de toute goutte de transpiration ou déchet, afin que les matchs puissent aller à leur terme sans encombre.

    "J'ai beaucoup de respect pour les balayeurs. C'est en faisant cela que mon amour pour le basket est véritablement né," confie Mouaha dans un entretien exclusif accordé à FIBA.basketball.

    "C'était mon tout premier contact avec ce sport," indique le joueur de 20 ans, avant de poursuivre :  "Le fait d'être si proche du terrain vous permet de mieux voir ce qu'il s'y passe, de comprendre pourquoi les joueurs font tel ou tel mouvement, et cette proximité a tout changé pour moi."

    Même si Mouaha a grandi dans une famille mordue de basket, il était plutôt attiré par le football, pour le plus grand dépit des ses parents et de ses frères et sœurs.

    "Deux de mes frères jouent au basket et toutes les conversations tournent autour du ballon orange à la maison. J'étais le plus grand des trois, mais je jouais au foot," admet Mouaha en se passant la main dans  les cheveux.

    "Un jour, ma maman m'a appelé et elle m'a dit que je devais arrêter et me concentrer sur le basketball.

    "Puis, je suis allé regarder un match de mon frère. Il avait réussi une telle performance que je m'étais alors dit que la prochaine fois, je voulais être sur le terrain plutôt que dans les tribunes.

    Alain Zedong a coaché le Cameroun lors de deux FIBA Women's AfroBasket consécutifs (2013 et 2015)

    "Après cela, je me suis inscrit à l'Académie ALPH, où j'ai évolué sous la direction de coach Alain Zedong et de François Enyegue. Ensuite, je suis allé à l'INJS pendant une année, avant de saisir une occasion de poursuivre mon parcours en Italie," note-t-il.

    Mais le natif de Douala affirme que c'est en côtoyant de près les joueuses engagées au FIBA Women's AfroBasket 2015, organisé à Yaoundé, qu'il a pris la décision de consacrer sa vie à la pratique du basket.

    "Grâce à ma position proche du terrain, j'ai pu recevoir quelques trucs des joueuses. Certains étaient vraiment très cools," se souvient-il.

    "Il y a en a qui étaient si gentilles qu'elles nous donnaient des maillots, des chaussures, et qu'elles prenaient le temps de discuter avec nous."

    Mouaha, qui évolue en 2e division italienne avec le club de Latina, souligne toutefois qu'un autre moment déterminant de sa carrière a été une discussion avec l'ancienne distributrice du Cameroun Miesha Blackshear.

    Miesha, âgée aujourd'hui de 33 ans, était l'une des bonnes surprises de la sélection camerounaise lors du FIBA Women's AfroBasket 2015. Au-delà de ses moyennes de 4.9 points et 1.9 rebonds, elle avait surtout marqué l'esprit de Mouaha par son énergie et son leadership.

    "Au début, je jouais plutôt comme ailier," reconnaît l'ancien membre de l'INJS, avant d'enchaîner : "Ensuite j'ai vu Miesha Blackshear à l'œuvre et j'ai été stupéfait."

    En 2015, le Cameroun avait barré la route du Nigeria en demi-finale, devant une salle comble.

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    "Souvent, quand elles faisaient des exercices de tirs, je restais pour leur passer le ballon et j'avais de longue conversations avec Miesha.

    "C'était une distributrice exceptionnelle, avec une incroyable lecture du jeu, et je voulais l'imiter.

    "Elle m'a donné de nombreux conseils pour m'aider à progresser : comment lire le jeu, comment attaquer un adversaire, ainsi que des exercices à faire pour devenir un bon distributeur.

    "Nous sommes restés bons amis et même si elle est à la retraite, elle est toujours disponible pour me conseiller afin de m'aider à relever de nouveaux défis."

    Le rêve de Mouaha d'évoluer en sélection nationale est devenu réalité à domicile, à l'occasion du 2e tour des Éliminatoires du FIBA AfroBasket. Lors de la rencontre face à la Guinée, il a cumulé 8 points et 4 assists.

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    "Me retrouver devant ma famille, sur ce même terrain que j'essuyais il y a quelques années, était absolument incroyable," s'exclame-t-il.

    "C'est la preuve que le travail acharné finit toujours par payer. Quand je repense à tout ce que j'ai vécu pour en arriver là, je me dis que ça en valait vraiment la peine.

    "Ce que je veux que les jeunes fans de basket comprennent, c'est que tout est possible à force de volonté.

    "Je veux continuer à travailler dur et à obtenir de bons résultats avec mon club et mon équipe nationale.

    "J'adorerais disputer la Coupe du Monde FIBA avec le Cameroun. Ce serait assurément l'un des plus beaux moments de ma carrière," conclut-il.

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