Les raisons du succès du 3x3, désormais sport olympique
XI'AN - Le 3x3 a pris le monde du sport d’assaut ces dernières années, sa popularité grandissante auprès des joueurs et des fans lui ayant valu d’être intégré au programme olympique dès les JO de Tokyo...
XI'AN - Le 3x3 a pris le monde du sport d’assaut ces dernières années, sa popularité grandissante auprès des joueurs et des fans lui ayant valu d’être intégré au programme olympique dès les JO de Tokyo 2020.
Parmi les discussions qui ont animé le ‘FIBA World Basketball Summit’ à Xi’an, en Chine, certains des principaux acteurs du 3x3 ont donné leur avis sur les raisons de cette réussite.
"Le 3x3 est la nouvelle frontière du basketball,” dit George Raveling, légendaire coach de NCAA et directeur du marketing mondial de Nike qui a été intronisé en 2015 au Naismith Memorial Basketball Hall of Fame.
"LE 3X3 EST UNE DISCIPLINE QUI PRIVILÉGIE L'ÉMANCIPATION. IL OFFRE BEAUCOUP DE LIBERTÉS INDIVIDUELLES. PERSONNE N’EST LÀ POUR TE COACHER. CHAQUE MOUVEMENT, CHAQUE ACTION EST UN CHOIX INDIVIDUEL."
"Le repositionnement du basketball comme sport global N° 1 est depuis longtemps au centre des débats. Le 3x3 a un rôle crucial à jouer pour que cela devienne une réalité. Nous devons nous engager émotionnellement auprès des jeunes. Le 3x3 est une discipline qui privilégie l'émancipation. Il offre beaucoup de libertés individuelles. Personne n’est là pour te coacher. Chaque mouvement, chaque action est un choix individuel."
En tant qu’ancien coach, Raveling dit que la pratique du 3x3 peut aider les joueurs à s’améliorer.
"Il met en avant la technique," indique-t-il. "En 5x5, un jeune peut passer de longs moments sur le terrain sans toucher le ballon, sans pouvoir tirer. En 3x3, il est impossible qu’un jeune soit oublié de la sorte. Le sport doit apporter du plaisir aux jeunes et je pense que le 3x3 est une belle nouvelle opportunité pour les jeunes de s’engager émotionnellement dans le basket."
Myagmarjav Luvsandash, promoteur de 3x3 en Mongolie, a compris à quel point le 3x3 peut servir à la popularisation du basket dans son pays.
"LE 3X3 EST UN MOYEN DE GAGNER DE NOUVEAUX MARCHÉS ET DE DONNER UNE CHANCE D'AVOIR DU SUCCÈS (EN 3X3) À DES NATIONS QUI SINON N'EN ONT AUCUNE EN 5X5."
"La Mongolie est coincée entre la Chine et la Russie. Nous comptons 3.1 millions d’habitants, mais nos territoires sont très vastes, nous faisons trois fois la taille de la France. D’Est en Ouest, il y a 3’000 kilomètres," souligne-t-il. "Donc, en ce qui concerne le sport, les Mongoliens pratiquent plutôt des sports individuels. Nous sommes bons en judo, en lutte, en combats de sumo, au tir, à chaque olympiade nous obtenons quatre ou cinq médailles. Par habitant, cela représente un grand chiffre. En sports d'équipe, il n'en va jamais ainsi.
“Cela fait maintenant 13 ans que nous essayons de développer le 3x3. Nous l'appelons 'basket de rue', mais nous organisons continuellement des événements pour la jeunesse. Nos équipes réussissent désormais de beaux résultats dans certaines catégories. Nos investissements sont en train de payer. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais en termes de classement mondial, de performances aux niveaux continental et mondial, nous nous en sortons bien, mieux que beaucoup d'autres pays.
"Le 3x3 est un moyen de gagner de nouveaux marchés et de donner une chance d'avoir du succès (en 3x3) à des nations qui sinon n'en ont aucune en 5x5."
Vlad Constantinescu, directeur associé de Sport Arena Streetball en Roumanie, où le 3x3 jouit d'une forte visibilité, est passé de la construction de terrains de basketball à l'organisation d'événements.
Il explique pourquoi.
"EN 2005, NOUS AVONS ORGANISÉ NOTRE PREMIER TOURNOI DE 3X3. IL Y AVAIT 32 ÉQUIPES. EN 2013, NOUS AVONS MIS SUR PIED À BUCAREST UN ÉVÉNEMENT DEVANT LE DEUXIÈME PLUS GRAND BÂTIMENT CIVIL DU MONDE, POUR PRÉSENTER LA DISCIPLINE AU CIO, ET PLUS DE 300 ÉQUIPES ÉTAIENT LÀ."
"En 2004, Sport Arena était une nouvelle compagnie et notre objectif principal était de construire des infrastructures sportives, pas nécessairement pour le 3x3," dit-il. "Nous avions choisi de nous concentrer sur le basketball. Nous avons construit quelques terrains. Mais après avoir réalisé quatre ou cinq très jolis terrains extérieurs (5x5), nous nous sommes demandés comment poursuivre nos activités. Le 5x5 n'était pas autant développé en Roumanie, alors nous nous sommes dit, 'Okay, essayons d'organiser des événements de basket de rue, afin d'évaluer la demande'.
"En 2005, nous avons organisé notre premier tournoi de 3x3. Il y avait 32 équipes. En 2013, nous avons mis sur pied à Bucarest un événement devant le deuxième plus grand bâtiment civil du monde, pour présenter la discipline au CIO, et plus de 300 équipes étaient là. Donc en moins de 10 ans, nous avons multiplié par 10 le nombre d'équipes. Pour la Roumanie, cela a été un énorme avantage que le 3x3, le basket de rue, se développe ainsi. En 2014, la Roumanie est devenue - pour la première fois de son histoire - le premier champion d'Europe de 3x3."
L'un des défis du 3x3 est la recherche de sponsors.
Raveling avance que la tranche d'âge la plus impliquée dans le basket est celle des 8-14 ans et il les décrit comme les "orphelins du basketball, car on ne leur prête que très peu d'attention", en particulier d'un point de vue institutionnel.
"Dans le futur, toutes les compagnies vont se battre pour trouver des moyens de se connecter émotionnellement et durablement avec les jeunes," anticipe-t-il. "La réalité est la suivante : nous sommes engagés dans une compétition pour conquérir les 8-14 ans.
"Enfant, j'étais tout le temps dehors. Ma maman et ma grand-maman nous envoyaient toujours jouer à l'extérieur. Aujourd'hui, nous élevons des enfants d'intérieur. Nous sommes désormais à la lutte pour attirer leur attention.
"Avec le 3x3, selon moi, il y a une formidable opportunité d'en impliquer un grand nombre."
"DANS LE FUTUR, TOUTES LES COMPAGNIES VONT SE BATTRE POUR TROUVER DES MOYENS DE SE CONNECTER ÉMOTIONNELLEMENT ET DURABLEMENT AVEC LES JEUNES."
Raveling souligne également le potentiel impact du 3x3 sur le basket féminin et les pays du Pacifique. Il prend en exemple Rae Lin D'Alie, la MVP de la Coupe du Monde féminine 3x3 FIBA 2018.
"Je crois que cette jeune femme incarne précisément ce dont j'ai parlé lors de nombreuses réunions chez Nike," déclare-t-il. "Le plus grand bénéficiaire du 3x3 sera le basket féminin.
"Pour tous les pays situés dans le Pacifique, où les gens ne sont généralement pas très grands, c'est une occasion en or. Je pense que l'Inde est actuellement un territoire peu exploité. Elle a probablement 20 ans de retard en 5x5, mais avec le 3x3, il y a de quoi faire une percée immédiate et significative en Inde.
"J'estime donc que cette discipline peut offrir des opportunités uniques pour une structure sociale. Il y a un nouveau public à cibler. Il s'agit désormais de faire tomber certaines barrières en ne raisonnant plus de manière traditionnelle, mais plutôt de manière non-conformiste. En termes de croissance, il y a là une fantastique opportunité qui se présente."
Pourquoi est-ce que le 3x3 séduit les sponsors en Mongolie et est intéressant comme produit médiatique ?
"Au cours de l'année, 10'000 enfants participent à ces événements (de 3x3), ce qui représente un grand chiffre pour notre population," dit Luvsandash. "Le 3x3 n'est pas juste un sport, c'est aussi un divertissement."
Constantinescu souligne que c'est l'intégration de cette notion de divertissement qui explique le succès rencontré par le 3x3 et qui donne des raisons d'être optimiste pour sa croissance.
"Nous agrémentons tous nos événements de spectacles, en essayant de faire participer les spectateurs," note-t-il. "Pour nous, cette interactivité entre les organisateurs et les spectateurs est capitale. C'est peut-être ce qui explique pourquoi le 3x3 est si populaire.
"Ce que nous proposons, c'est un événement familial. Nous ne mettons pas sur pied tout ça juste pour les joueurs. La FIBA a parfaitement compris cet aspect et elle développe cette discipline en conséquence."
Raveling estime que le 3x3 a un bel avenir devant lui et que la FIBA a eu raison d'insister sur son importance pour le basketball en général.
"Je pense que la FIBA a réalisé un travail extraordinaire en positionnant le 3x3 comme moyen de se projeter au mieux dans le futur," analyse-t-il.
Luvsandash tient également à souligner à quel point le passage au numérique a aidé ce sport en Mongolie. Il cite le 'FIBA 3x3 ranking', qui permet aux joueurs de s'évaluer.
"Les joueurs, les jeunes, les hommes et les femmes, tout le monde regarde son score à la fin des compétitions," dit-il. "Ils veulent savoir qui les précède au classement, quels résultats ils ont obtenus. Cela encourage les jeunes à prendre part au plus grand nombre d'événements possible. Ce qui est bien, c'est que les événements viennent à eux. Vous n'avez pas besoin d'aller dans une salle ou un stade. Cela débarque chez vous en ville. Il y a une application sur Internet, vous pouvez créer vous-mêmes votre événement, vous entrez les stats et les résultats."
Constantinescu souligne aussi la nécessité d'avoir des personnalités qui s'impliquent dans le processus.
"Ce dont nous avons besoin pour développer cette discipline, c'est d'avoir des idoles reconnues, des joueurs emblématiques," poursuit-il. "Afin d'y arriver, nous devons organiser de bons événements, avec des bons sponsors, une bonne visibilité, une excellente couverture sur les réseaux sociaux. Si nous arrivons à réunir tous ces ingrédients, il est évident que d'ici deux. trois, quatre ans, le 3x3 sera énorme et encore meilleur que maintenant."
FIBA