MIES (Suisse) - Après quasiment trois semaines de basket de très haut niveau, entre les Tournois de Qualification Olympique FIBA 2024 et le Tournoi Olympique de Paris 2024, se dire que tout cela appartient désormais au passé n'est pas simple à accepter.
Mais la mémoire des matchs disputés à Lille et à Paris étant encore vive, nous avons décidé d'établir une petite liste des révélations de ces JO.
Certains de ces joueurs sont déjà bien connus, mais leur niveau de performance cet été face aux plus redoutables adversaires du monde leur a assurément permis de forcer l'admiration de nouveaux fans.
D'autres sont nouveaux sur la scène internationale, mais tous ont une chose en commun : ils ont profité de ce Tournoi Olympique de Paris 2024 pour briller.
Guerschon Yabusele - France
Première division française, puis seconde. La Chine, la NBA G League, puis la NBA, mais jamais plus de 7 minutes par match. Ensuite la Chine à nouveau, la France et enfin l'Espagne.
Le parcours en clubs de Guerschon Yabusele a été plutôt mouvementé. Ses qualités athlétiques ont toujours été louées et son attitude lui a souvent valu d'être apprécié des fans. Mais au Tournoi Olympique de Paris 2024, il s'est probablement même surpris lui-même.
Nous n'oublierons jamais le public de la Bercy Arena scandant "MVP" à son intention en finale des JO, alors qu'il essayait de retourner la situation face aux USA. Auteur de 22 points en quarts de finale contre le Canada et de 17 points et 7 rebonds en demi-finales contre l'Allemagne, Yabusele a inscrit 20 points dans le match pour la médaille d'or.
Quelles prestations de Yabusele (28 ans), qui avait bien besoin de cela après sa toute première saison en club à moins de 10 points de moyenne par match depuis la fin de sa carrière en NBA en 2019.
Attendez-vous à ce qu'il fasse des malheurs avec le Real Madrid durant la saison à venir. Et ne soyez pas surpris de le revoir en NBA un jour ou l'autre.
Isaia Cordinier - France
Evan Fournier n'a pas manqué de faire l'éloge de celui qui lui a piqué sa place dans le "cinq majeur" des Bleus. Il a rappelé qu'Isaia Cordinier avait été le dernier joueur à être coupé avant le FIBA EuroBasket 2022, tandis qu'Isaia lui-même avoue ne pas considérer sa participation à la Coupe du Monde FIBA 2023 comme sa première dans une compétition majeure, car sa présence avait été due à la blessure tardive d'un autre joueur.
Aux JO de Paris 2024, Cordinier a prouvé qu'il méritait sa place au plus haut niveau.
Il a passé les trois dernières saisons en Italie à la Virtus Bologna, s'y faisant une réputation d'ailier athlétique très à son avantage en défense. Le sélectionneur Vincent Collet a déclaré l'avoir justement introduit dans le cinq majeur à cause de sa capacité à limiter l'impact de ses adversaires directs.
En quarts de finale et en demi-finales, Cordinier s'est montré très à l'aise en attaque, se faisant l'auteur de 20 points contre le Canada, puis de 16 points et 7 rebonds contre l'Allemagne.
Il s'est transformé en superhéros pour les hôtes alors que peu de monde s'y attendait, ce d'autant qu'il sortait de sa pire saison offensive (8.1 points par match) depuis son passage à Antibes en 2016-17 (6.5 points par match).
Aleksa Avramovic - Serbie
Voici le meilleur moyen de décrire Aleksa Avramovic : s'il est dans votre équipe, vous l'adorez. S'il joue dans l'équipe adverse, vous le détestez.
Compétiteur ultime, Avramovic a semblé habité d'une énergie encore décuplée aux JO, provoquant les fautes offensives de ses adversaires et imprimant un rythme de folie au jeu de son équipe dès les matchs de préparation.
Dès que le Tournoi Olympique a commencé, Aleksa - auteur d'un modeste taux de réussite à trois points de 29.5 % à trois points la saison dernière - a paru ne plus pouvoir rater ses tirs, ce qui a donné lieu à un formidable duel face à Stephen Curry dans le premier quart-temps de la confrontation entre la Serbie et les USA avec 15 points à la clé.
Dans le match pour la médaille de bronze, il a cumulé 13 points, 5 rebonds, 4 passes décisives et 4 interceptions pour aider la Serbie à vaincre l'Allemagne, se montrant le troisième plus utile de son équipe après les stars Nikola Jokic et Bogdan Bogdanovic.
Son intensité défensive de tous les instants lui a valu d'être désigné "Best Defensive Player" du Tournoi Olympique de Paris 2024. Dès la fin de l'été, il portera les couleurs du CSKA Moscou, après trois saisons passées au Partizan Belgrade.
Jack McVeigh - Australie
Nous avons tous vu ses prouesses offensives avec les Tasmania JackJumpers en NBL, mais peu de monde s'attendait à ce qu'il réussisse aussi bien la transition en sélection nationale.
Jack McVeigh s'est parfaitement intégré à l'équipe dirigée par le sélectionneur Brian Goorjian, sachant très bien profiter de la vision du jeu de Josh Giddey et des espaces qu'il crée pour marquer depuis l'extérieur. Il a fini les JO avec une moyenne de 9.5 points par match, transformant 52.0 % de ses tirs, 52.6 % de ses tirs à trois points et 100 % de ses lancers francs.
Il n'a pas tremblé dans le match crucial face à l'Espagne avec 13 points à 3 sur 6 aux tirs à longue distance, auxquels il a ajouté 7 rebonds, de quoi porter l'Australie à la victoire et à la qualification pour les quarts de finale.
Face à la Serbie, il a aussi inscrit 13 points, mais ceux-ci n'ont cette fois pas suffi pour gagner le match, les Serbes parvenant à effacer un retard de 24 points pour forcer une prolongation et finalement s'imposer.
McVeigh a joué en NCAA avec les Nebraska Cornhuskers et il n'a ensuite connu que la NBL australienne, mis à part 13 matchs disputés avec le club allemand des MLP Academics de Heidelberg en 2022-23.
À la fin de l'été, il s'embarquera dans une nouvelle aventure riche de toute la confiance accumulée aux JO. Il a en effet signé un contrat "two-way" avec les Houston Rockets. Un tireur à trois points capable de dégainer à tout moment en NBA ? Ça devrait le faire.
Vasilis Toliopoulos - Grèce
Vasilis Toliopoulos a été élu joueur ayant le plus progressé à l'issue de la dernière saison de la ligue grecque, juste avant son 28e anniversaire, et dans l'enchaînement il a rejoint la sélection nationale, prouvant que sa récompense avait été pleinement méritée.
Toliopoulos a éprouvé de la peine à trouver sa place au début de sa carrière professionnelle, ne jouant jamais plus de 10 minutes avant son transfert à l'Aris Thessaloniki à 22 ans.
Il a ensuite changé de clubs six fois en six ans avant de retourner à Thessaloniki, cette fois en tant que leader de l'équipe avec une moyenne de 13.5 points par match la saison dernière en championnat.
Mais avec des joueurs comme Giannis Antetokounmpo, Nick Calathes, Georgios Papagiannis, Kostas Papanikolaou, Dinos Mitoglou et d'autres encore, il paraissait peu probable qu'il ait un vrai impact sur le jeu de la Grèce.
Or lors de son premier véritable événement majeur avec l'équipe nationale, Toliopoulos a fait croire aux miracles, lui qui a bouclé les JO avec une moyenne de 10.8 points en seulement 18.6 minutes par match, de quoi faire de lui le second meilleur marqueur des Grecs, qui ont pris part aux quarts de finale pour la première fois en 16 ans.
Il aurait même pu faire mieux si sa moyenne à trois points avait été meilleure que ses 33.3 % de réussite en France. En début d'été, sur les quatre matchs du Tournoi de Qualification Olympique FIBA du Pirée, il avait transformé 61.5 % de ses tirs à longue distance !
Bul Kuol - Soudan du Sud
Nous avons déjà parlé du meilleur shooteur du Soudan du Sud.
C'était à l'issue de la phase de groupes. Maintenant que le tournoi est terminé, nous avons l'impression qu'il a été encore meilleur que ce à quoi nous nous attendions et qu'il a fait tout simplement partie des meilleurs joueurs de l'événement.
Kuol a marqué une moyenne de 13.0 points avec un taux de réussite - attention ! - de 72.7 % à trois points aux JO, réussissant 8 de ses 11 tirs à trois points en trois matchs dans ce qui était sa toute première compétition majeure en sélection nationale.
Il n'a que 27 ans, mais les fans de basket australiens le considèrent déjà comme une légende, lui qui a réalisé coup sur coup trois saisons impressionnantes avec les Cairns Taipans, s'illustrant notamment lors de la dernière en transformant 40.8 % de ses tirs à trois points en 27 matchs.
Bul a signé en avril un contrat avec les Sydney Kings, de quoi poursuivre son beau parcours en Australie. Si tout va bien, la Coupe du Monde FIBA 2023 sera la seule compétition majeure qu'il aura manqué au cours de sa carrière en équipe nationale.
Yuki Kawamura - Japon
La plupart d'entre nous ne s'y attendaient pas, mais Yuki Kawamura a lui toujours su qu'il avait sa place aux JO.
Le distributeur de 23 ans a disputé ses premiers JO seulement deux ans après ses débuts en sélection nationale senior. Il a été le second joueur le plus petit de la compétition cet été en France, mais cela ne l'a pas empêché de briller, et ce même si le Japon n'a pas gagné le moindre match en phase de groupes.
Son match le plus abouti, il l'a réussi face à la France, une rencontre mémorable qui a eu besoin d'une prolongation pour départager les équipes. Privé de sa star Rui Hachimura (disqualifié en fin de temps réglementaire), le Japon a pu s'appuyer sur tout le talent de Kawamura, auteur de 29 points (dont 6 tirs primés), 7 rebonds et 6 passes décisives contre les hôtes.
Il a ensuite cumulé 21 points et 10 passes décisives contre le Brésil, bouclant la compétition avec des moyennes impressionnantes de 20.3 points (40.6 % à trois points), 3.3 rebonds et 7.7 passes décisives par match.
Selon son club actuel en B.LEAGUE japonaise, les Yokohama B-Corsairs, Kawamura s'est déjà entendu pour un contrat de 10 jours avec les Memphis Grizzlies en septembre. Il y a fort à parier que les Grizzlies sont heureux d'avoir pris cette décision avant le Tournoi Olympique de Paris 2024.
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