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    Comment reconstruire l'équipe nationale féminine du Kenya ?

    Pourquoi le Kenya, 2e du FIBA Women's AfroBasket 1992 à Dakar et 4e de l'édition de 1997 à Nairobi, éprouve-t-il aujourd'hui tellement de difficultés à s'imposer ?

    NAIROBI (Kenya) - Pourquoi le Kenya, 2e du FIBA Women's AfroBasket 1992 à Dakar et 4e de l'édition de 1997 à Nairobi, éprouve-t-il aujourd'hui tellement de difficultés à s'imposer ?

    Cette question a poussé les Kenyans à essayer de trouver des réponses.

    Les performances de l'équipe nationale féminine du Kenya lors de sa dernière apparition au FIBA Women's AfroBasket à Dakar (Sénégal) en août dernier étaient inquiétantes.

    Et avec le lancement de la campagne qualificative pour la prochaine édition en février, avec le tour préliminaire de la Zone 5, personne ne sait à quoi s'attendre. Une reconstruction est souvent évoquée pour redonner à ce pays sa gloire continentale d'antan.

    Les piètres performances ont commencé en 2007, lorsque la compétition majeure africaine s'était également tenue à Dakar. Le Kenya avait pris le dernier rang du tournoi, avec notamment une défaite contre Madagascar.

    En 2019, les Kenyanes n'ont pas gagné le moindre match, s'inclinant contre le Mozambique (55-39), l'Angola (64-51) et le Cap-Vert (64-57), ratant du coup une qualification pour les quarts de finale.

    Mais quelle est la meilleure façon de reconstruire ? 

    Le moment est-il venu d'injecter du sang neuf dans l'équipe ? Les éventuelles néophytes sauront-elles gérer la pression imposée par les nations les plus expérimentées ?

    Comment procéder ? De manière graduelle ou faire table rase ? Voici le genre de questions auxquelles les parties concernées devront au plus vite trouver des réponses.    

    Ronnie Owino (Kenya)

    Ronnie Owino, coach en place depuis longtemps et qui s'était rendu au dernier FIBA Women's AfroBasket à Dakar avec seulement dix joueuses, reconnaît la nécessité de reconstruire l'équipe.

    "Il nous faut intégrer des nouvelles joueuses selon nos besoins (aptitudes et postes). Les places se gagneront au mérite uniquement," indique l'ancien international kenyan.

    Il poursuit : "Nous avons des joueuses figurant dans le cadre national et qui se sont entraînées avec la sélection par le passé, et elles ont du talent."

    L'ex-distributeur, qui a représenté son pays au FIBA AfroBasket 1985, note que l'équipe doit pouvoir se reposer sur des shooteuses adroites et des intérieures dominantes, ce qui lui fait défaut depuis plusieurs années.

    "Une bonne équipe a besoin de joueuses sachant profiter des espaces pour tirer et marquer, ainsi que prêtes à limiter le rayon d'action des adversaires les plus dangereuses. Actuellement, le Kenya ne les a pas," lâche Owino, insistant également sur la nécessité d'avoir une joueuse polyvalente capable de jouer au poste bas face à des adversaires plus petites et d'être efficace à mi-distance contre une opposition plus grande

    Owino note que certains rôles n'ont pas été remplis correctement durant la compétition à Dakar et que l'équipe doit travailler plus dur.

    "Les joueuses ont manqué de vitesse et d'expérience. Une équipe doit inévitablement se réinventer en se renouvellant continuellement," observe-t-il.

    Le technicien estime primordial qu'une équipe puisse se reposer sur un mélange de joueuses expérimentées et de nouvelles venues désireuses de représenter le pays. Les places doivent être attribuées au mérite.

    Owino ne pense toutefois pas que faire table rase soit la bonne solution. Il souhaite un renouvellement graduel, en fonction des besoins.

    "L'équipe nationale ne doit pas être réservée à quelques 'élues'. Les joueuses doivent constamment prouver qu'elles méritent d'être là," explique-t-il.

    "Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir des divas. Toutes doivent remplir leurs rôles en défense et en attaque. En sélection nationale, il n'y a pas de joueuses intouchables."

    Il remarque que le Kenya et le Sénégal étaient les deux formations les plus âgées du tournoi, avec une moyenne de 30 ans. La Tunisie et l'Égypte étaient quant à elles les plus jeunes, avec une moyenne de 23 ans.

    La sélection égyptienne engagée au FIBA Women's AfroBasket 2019 à Dakar avait une moyenne d'âge de 23 ans

    "Les équipes les plus jeunes ont pratiqué un basket rapide. Nous devons trouver un équilibre entre jeunesse et expérience. Après tout, l'expérience ne s'achète pas," commente Owino.

    Il ajoute qu'il faut donner leur chance aux plus jeunes, pour autant qu'elles le méritent.

    L'assistante coach Evelyne Kedogo abonde dans son sens : "Tant les clubs que la sélection nationale se doivent d'intégrer les jeunes, mais cela doit se faire de manière progressive. Il faut qu'elles apprennent d'abord. L'expérience vient avec la maturité. Les jeunes n'en ont en général quasiment pas."

    Entre 1992 et 1994, le Kenya a mis sur pied sa meilleure équipe de tous les temps, finaliste du FIBA Women's AfroBasket à Dakar. Leurs performances d'alors n'ont depuis jamais été égalées.

    Le Brésil a gagné la Coupe du Monde féminine FIBA 1994 en Australie, d'où le Kenya est reparti avec un bilan de 0-8

    Sous les ordres du regretté Tom Munyama, les Kenyanes s'étaient inclinées en finale contre les hôtes. Leur récompense avait été une qualification pour la Coupe du Monde féminine FIBA 1994 à Adelaïde (Australie).

    Lors de cette compétition, le Kenya avait été l'unique représentant du continent africain. Bien qu'ayant perdu tous leurs matchs, les Kenyanes s'étaient faites de nombreux amis en cours de route.

    "La sélection d'alors était complète dans tous les secteurs du jeu, à tous les postes. Il y avait tant de talent dans cette équipe," se souvient Owino.

    Elle était composée de : Queen Olumbo, Susan Kariuki, Catherine Shava, Bertha Akuno, la regrettée Caroline Omamo, Nasila Achieng, Alice Onono, Mirram Owuor, Celestine Imbaya, Sophie Mohammed, Petronela Muthoni et Jane Makale.

    "L'équipe actuelle a trop de lacunes. Nous n'avons par exemple aucune intérieure dominante et nous n'avons pas non plus une shooteuse adroite et régulière à longue distance. Nous devons aussi énormément progresser à la distribution si nous voulons avoir un impact en Afrique," souligne Owino, coach-instructeur à FIBA Afrique.

    Le Kenya, dit-il, a suffisamment de talent pour rivaliser avec les meilleures nations d'Afrique, mais pour ce faire, il doit rapatrier les joueuses basées à l'étranger. Ce que les 'Morans' (sélection masculine) sont parvenus à réussir.

    "Il faut des pros," note-t-il. "Les Morans ont réalisé deux bons tournois, parce qu'ils ont pu aligner des joueurs forts d'une précieuse expérience à l'étranger."

    L'ancien international vivant aux USA Peter Kiganya - passé par la Abilene Christian University (ACU) et par les championnats argentin, uruguyen, chilien et paraguayen - observe les joueuses.

    "Nous avons besoin de pouvoir compter sur toutes nos ressources afin de composer la meilleure équipe possible. Tous les autres pays débarquent avec leurs pros. Le Nigeria, champion en titre, n'aligne que deux joueuses basées au Nigeria," précise-t-il.

    Il va également de soi que la préparation est une des clés du succès et qu'elle devrait débuter au moins une année avant la compétition.

    "Nous devons arrêter de mal nous préparer. Nous retrouver face à des équipes qui ont eu des camps d'entraînement et qui ont disputé des matchs amicaux en Europe, alors que nous n'affrontons que des équipes de lycée, rend la situation plus que compliquée," déplore-t-il. "Notre dernière préparation a été inadéquate. Il faut bien s'occuper de l'équipe financièrement, physiquement et mentalement. Les joueuses doivent aussi être dédommagées.

    "Jouer en équipe nationale devrait être un honneur, et non pas une occasion de se lamenter et de procrastiner."

    Le Kenya n'avait que 10 joueuses lors du dernier tournoi au Sénégal et l'une d'entre elles - Velma Achieng - est tombée malade. À un certain point, Owino a donc dû tourner à neuf joueuses.

    L'équipe nationale du Kenya

    "Évidemment que cela a eu un impact sur nos performances," ajoute-t-il.

    Owino, l'un des plus fins tacticiens du continent, avance qu'avec un bon encadrement et une reconstruction structurée, les jeunes talents pourront exprimer leur plein potentiel et influencer de manière positive le futur de l'équipe.

    "Nous avons des basketteuses qui sont allées au Maroc pour les Jeux africains et qui y ont obtenu d'excellents résultats en 3x3. À nous de bien les encadrer."

    Parmi les joueuses susceptibles d'être convoquées en sélection naitonale, il y a Jemima Knight, Caroline Njeri, Daisy Ayodi, Clara Rotich et Melvin Iminza. Les autres sont : Christine Akinyi, Beryl Aoko, Maryanne Nyagaki, Joy Mupalia, Mary Shibweche, Edna Kola et Valerie Kemunto.

    "Ces joueuses se sont illustrées pendant le championnat. Celui-ci permet de se faire remarquer."

    La fédération kenyane de basketball (KBF) et l'association sportive des universités du Kenya (KUSA) proposent ensemble suffisamment de matchs pour débusquer les nouveaux talents.

    Owino conclut : "Nous devons trouver un équilibre entre expérience et jeunesse. Nous devons reconstruire notre équipe et ceci prend du temps. Ça ne se fait pas du jour au lendemain."

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