Sénégal : comment retrouver le sommet de la hiérarchie continentale ?
Alors que le Sénégal a validé le mois passé son ticket pour le FIBA AfroBasket de cet été, les questions sur sa capacité de gagner la compétition continentale la plus prestigieuse ont vite ressurgi
DAKAR (Sénégal) - Alors que le Sénégal a validé le mois passé son ticket pour le FIBA AfroBasket de cet été, les questions sur sa capacité de gagner la compétition continentale la plus prestigieuse ont vite ressurgi.
Le Sénégal fait à n'en pas douter partie des meilleures équipes d'Afrique, mais pourquoi ne parvient-il plus à aller jusqu'au bout et à soulever le trophée réservé aux vainqueurs du FIBA AfroBasket ?
"VOUS NE POUVEZ PAS GAGNER UNE COMPÉTITION COMME LE FIBA AFROBASKET OU RÉALISER DE BONNES PERFORMANCES EN COUPE DU MONDE FIBA SI VOUS RENOUVELEZ CONSTAMMENT LA COMPOSITION DE VOTRE ÉQUIPE."
La dernière fois que les Sénégalais sont montés sur la plus haute marche du podium, c'était il y a 23 ans. En 2005, ils ont bien disputé la finale, mais ils ont dû s'avouer vaincus face à l'Angola, un pays qu'ils avaient battu en demi-finale lors de l'édition 1997.
Au bénéfice d'un très large choix sur le continent au moment d'établir sa sélection et à en juger par les résultats obtenus durant les Éliminatoires, le Sénégal sera une nation dont il faudra se méfier en août à Kigali, ce d'autant qu'elle ne voudra pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé.
Thierno Niang avait sept ans en 1997 lorsque son équipe nationale favorite avait remporté le sacre continental à domicile.
Le distributeur de 1.88m, devenu l'un des piliers de sa sélection nationale ces derniers temps, réaffirme auprès de FIBA.basketball que les Sénégalais ont les moyens de changer le cours de l'histoire.
"C'est notre objectif, nous voulons conquérir le titre cette année," lance Niang.
Le Sénégal a pris le 3e rang du FIBA AfroBasket 2017 grâce à son succès 73-62 contre le Maroc, dans la petite finale
Le tournoi continental à 16 nations aura lieu à Kigali du 24 août au 5 septembre. La date du tirage au sort sera annoncée prochainement.
Niang poursuit en expliquant comment le Sénégal peut transformer son rêve en réalité.
"Si vous prenez des équipes comme l'Angola, le Nigeria ou la Tunisie, elles ne modifient pas leur effectif chaque année, elles misent sur la continuité, au moins pour les 80 % du contingent.
"Vous ne pouvez pas gagner une compétition comme le FIBA AfroBasket ou réaliser de bonnes performances en Coupe du Monde FIBA si vous renouvelez constamment la composition de votre équipe. Vous devez pouvoir vous appuyer sur une ossature, vous devez bâtir l'équipe.
"Il y a toujours des joueurs qui débarquent mais qui après ne réapparaissent plus. C'est compliqué de trouver un équilibre ainsi. Seul l'association de ce dernier à un fort esprit d'équipe peut décrocher des titres. Notre problème se situe là.
"Pour avoir une réelle chance de nous imposer, nous devons conserver un noyau de joueurs. Il faut qu'ils se connaissent bien."
Thierno Niang a représenté le Sénégal à la Coupe du Monde FIBA 2014 en Espagne, avec un succès contre la Croatie
Classée au 4e rang africain selon le 'FIBA World Ranking, présenté par Nike', le Sénégal a parfaitement maîtrisé les Éliminatoires, avec un bilan de 5-1.
Comment est-ce que des pays comme la Tunisie, le Nigeria et l'Angola peuvent-ils contrer l'ambition du Sénégal ?
"Encore une fois, avoir des bons joueurs ne suffit pas pour gagner un tournoi. Ce sont les bonnes équipes qui gagnent des tournois," souligne-t-il.
"Si vous regardez la Tunisie, je ne pense pas qu'elle aligne de nombreux joueurs évoluant à l'étranger. La moitié - voire plus - des internationaux jouent en Tunisie, ils s'affrontent ou évoluent côte-à-côte.
"Si vous prenez la sélection sénégalaise, la plupart des joueurs ne jouent même pas dans le même pays, ils ne se voient que très rarement. C'est l'une des plus grandes forces de la Tunisie : ils sont constamment en contact. Ça en fait un adversaire très difficile à battre."
Passé aux USA dans l'équipe universitaire des Milwaukee Panthers, Niang porte actuellement les couleurs du Dakar University Club (DUC), engagé dans le championnat sénégalais, un club qu'il a rejoint après deux saisons au sein de l'AS Douanes, champion en titre.
Avant de retourner au Sénégal, Niang a effectué deux saisons en Espagne, puis il a participé à la SuperLeague égyptienne.
"Mon objectif personnel est juste de jouer au plus haut niveau possible si l'occasion se présente," dit-il.
"J'ai le talent suffisant, je sais que j'en ai les capacités, mais il s'agit de trouver les bons canaux pour y parvenir."
S'exprimant au sujet du championnat sénégalais, Niang admet que ce n'est pas une ligue professionnelle économiquement parlant, puisque l'argent y fait cruellement défaut, mais que techniquement, c'est très relevé, avec des joueurs extrêmement talentueux. "Il manque simplement les bonnes personnes pour s'occuper d'eux. Alors, nous aurions sans doute l'un des meilleurs championnats d'Afrique," conclut Niang.
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